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Je m’en doutais ! Je savais bien que je quitterais Fin à regret juste avant de commencer ce dernier tome de la trilogie de Lewis. Il faut dire que je me suis passablement attachée à lui, aux autres personnages de l’île, à l’ambiance que décrit si bien Peter May.
Cette fois, point d’encrage historique. On retrouve l’alternance des époques de la vie de Fin, entre sa vie de jeune roadie pour un groupe de rock celtique il y a près de 20 ans et l’enquête à l’époque actuelle pour trouver le meurtrier de la star de ce même groupe. Le lecteur tente avec plaisir de déceler
les démons du passé qui font porter leurs ombres jusque dans le présent.
Par contre, le récit n’a plus de facette « documentaire » comme dans les deux premiers tomes où nous apprenions beaucoup sur la population de l’île de Lewis. Exception faite de cette histoire de figurines trouvées sur l’île, qui est véridique et très intéressante.
Encore une fois, bien plus qu’un simple policier, c’est un roman d’ambiance qu’écrit ici l’auteur. Le style est fluide, les mots justes. Petit bémol peut être pour la conclusion du drame qu’a connu Fin et qui est à l’origine de son arrivée sur son île natale : cela sonne un peu trop comme une façon artificielle de mettre un point final à la trilogie. C’est surement parce que j’aimerais, comme beaucoup, pouvoir espérer une suite (d'ailleurs l'auteur ne nous a pas révélé qui sont les braconniers !), même si je reconnais aussi qu'il ne faudrait pas en faire une dizaine de tomes au risque de dénaturer ce qui fait le charme de cette série.
En bref, une lecture que je recommande à tous !
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2014/07/le-braconnier-du-lac-perdu-peter-may.html
Ce qui frappe dans ce recueil de nouvelles, et comme beaucoup d'autres lecteurs ont déjà pu le faire remarquer, c’est le cadre de la vie quotidienne que prend chacune, à l’exception peut-être de la première, qui reste assez à part, je trouve. On suit une femme dans sa volonté de se dégager du temps pour écrire son roman, ou bien un couple qui s’inquiète pour son enfant handicapé, ou encore une jeune femme tombée enceinte de son amant. Toutes ces histoires se situent dans un décor de foyer dans lequel le fantastique va survenir par un détail. La question pour le lecteur est
de trouver ce détail qui représente la clé de lecture. Parfois, il n’est donné qu’à la toute fin du texte, ce qui fait que le lecteur doit se remémorer et le comprendre dans une perspective totalement différente. D’autres fois, il est bien donné dès le début mais le lecteur n’est pas à même de juger de son importance et de ses conséquences.
Ce côté familier, on le retrouve également sur deux autres points. D’abord sur la notion de corps (quoi de plus familier), chaque histoire se rapportant au corps de la femme, à sa sexualité ou à une grossesse. Et aussi dans l’histoire elle-même qui est racontée : rien de très novateur pour toute personne ayant déjà lu du fantastique ou faisant des cauchemars. Du coup, certains verront bien vite venir la conclusion quand d’autres seront plus étonnés, en fonction du vécu de chacun, mais tous auront un sentiment perturbant d’univers familier dans lequel quelque chose cloche.
Personnellement, j’ai eu plus du mal à apprécier ma lecture lorsque le fantastique était trop facilement accepté par le personnage principal. Typiquement, j’ai beaucoup aimé la découverte d’une pièce à soi dans L’heure en plus mais eu beaucoup plus de mal à me sentir concernée par les déboires de Bess dans Ma pathologie tellement elle ne se pose pas de question sur la santé mentale de son amant qui recherche la pierre philosophale. Et je me dis que, là encore, le format nouvelle me dérange : j’imagine que le point de bascule entre la rationalité de Bess et ce qui confine à la folie ou à l’endoctrinement serait amené de façon plus subtile dans un récit plus long. Souvent, lorsque le fantastique prend la place après être apparu de façon plus progressive, les personnages semblent plus enclins à l’accepter. Mais la temporalité du progressif du personnage n’est pas la mienne et cela créé un décalage dans ce phénomène d’acceptation. En tant que lectrice, et en plus assez sceptique, je ne suis pas embarquée.
Pour le reste, les ambiances sont très variées d’une nouvelle à l’autre : le lecteur passe du soulagement à l’horreur, de l’étonnement à la compréhension, parfois au malaise voire à l’horreur. Dans l’ensemble, je reconnais la qualité des idées à la base de chaque nouvelle mais j’adhère moins à l’exploitation qui en est faite. Peut-être encore une fois à cause du format qui décidément ne me convient pas.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2014/08/ainsi-naissent-les-fantomes-lisa-tuttle.html
Ce manga, l'auteur l'avait pensé à l'origine comme un recueil de souvenirs d'enfance. Pendant la préparation est survenu le tsunami puis l'accident de Fukushima. Alors, forcément, Keiko Ichiguchi l'a intégré à son récit. Elle revient donc sur cet événement qui a ébranlé le Japon et, bien au-delà des frontières, le monde entier, rappelant les douloureux souvenirs de Tchernobyl. Pour se faire, elle s'inspire fortement de son vécu d'expatriée.
Le personnage d'Istuko est au cœur du récit. Petite fille fragilisée par une grave maladie, elle appréhende très tôt l'idée de la
mort. Devenue jeune femme, mariée à un Italien, c'est de loin qu'elle vit l'événement dramatique qui frappe l'archipel nippon. Pas de représentation de la misère humaine qu'on soupçonne, juste des évocations pudiques. L'accent est mis sur la difficulté d'obtenir des informations fiables, mais à notre époque où beaucoup de choses circulent sur internet. On sent la jeune femme rongée par l'angoisse. A défaut d'informations, il reste la solidarité humaine, où les expatriés s'organisent et s'investissent comme ils peuvent pour porter secours à leurs proches dans la détresse.
Malgré tout, on se raccroche à la vie qui revient, toujours. Comme ces cerisiers que le Japon entier accoure contempler pendant quelques jours, ces cerisiers qui refleurissent toujours. L'espoir est là. Istuko s'attache à son projet de retourner une semaine dans sa famille et rendre visite à son ancienne institutrice à qui elle doit tant. Les japonais s'attachent à aller quotidiennement à leur travail. L'humain est au centre du récit, porteur du meilleur comme du pire. C'est par lui en la personne de l'autorité nippone, que les informations ne sont pas données pour éviter tout mouvement de panique. C'est aussi par lui que la solidarité prend corps.
Le récit est très pudique. Le dessin est fin et très (trop ?) classique. Une "patte" aurait peut être mieux servi le propos, l'aurait moins affadi. Il correspond bien à l'ambiance tout en retenue que nous retranscrit Keiko Ichiguchi, comme une déclaration d'amour à son pays, mais cela manque de relief je trouve. Du coup, je ne suis pas vraiment convaincue par ma lecture.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2014/07/les-cerisiers-fleurissent-malgre-tout.html
Après l'engouement que la France a connu il y a quelques années à la suite de la découverte de Millénium, les maisons d'éditions françaises ont bien compris le filon. Cela m'a valu de jolies découvertes, et de bons polars, souvent. Mais avec la palanquée de bons titres affluent également les moins bons. Ce roman en fait indubitablement partie.
En premier lieu, Une ville sur écoute souffre d'un manque d'originalité. L'histoire se résume en un imbroglio des différents services de police : la brigade de David enquête sur un suspect déjà suivi par la brigade des stups avant de
se rabattre sur un autre suspect suivi cette fois par la brigade financière. L'auteur tente bien de positionner des rebondissements à chaque fin de chapitre mais l'élément qui lui sert de clé est bien trop convenu pour faire mouche et accrocher le lecteur. Ajoutez un personnage auquel on n'accroche guère, même si on sent bien une fêlure personnelle (très proche de celle de L'île des chasseurs d'oiseaux de Peter May, mais qui y est beaucoup mieux exploitée qu'ici !). Du coup, j'ai regardé David et Anna s'agiter sans vraiment partager leur fébrilité. A défaut de l'originalité de l'enquête, j'en attendrais du style mais j'ai trouvé les dialogues poussifs et les scènes clés lourdes. Le tout manque à mon sens terriblement de tenue et de corps.
Pour noircir encore un peu le tableau, j'ai bien trop vite noté les incohérences dont l'auteur veut se servir pour relancer son récit. L'exemple le plus flagrant est la mise sur écoute de l'appartement de Vignir, alors que celui-ci ne laisse entrer personne car sa femme le surveille à distance avec des caméras. Et comment sont entrés les policiers pour poser les micros alors ?! Du coup, l'effet de surprise ne fonctionne absolument pas.
Le parallèle entre l'expérience de l'auteur et le récit est évident. Je ne doute donc pas de la vraisemblance de l'enquête mais cela met bien en lumière qu'il faut un style pour raconter une histoire.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2014/07/une-ville-sur-ecoute-jon-ottar-olafsson.html
La proie des ombres
Je dois commencer en vous disant que cela fait plus de 5 ans que j’ai ce roman dans ma PAL, d’après la date que j'ai écrite au crayon sur la première page. Et je n’ai pas la moindre idée de comment il y est arrivé. Il était donc largement temps de l’en sortir !
Ce titre est le 6e de la saga Charlie Parker mais, dans l’ensemble, rien n’empêche de débuter par lui. Le personnage de Parker fait bien quelques références à son passé, des personnages qu’il semble avoir déjà croisés ressurgissent bien, et le lecteur se doute que leur psychologie a évolué, mais cela est fait par l’auteur avec suffisamment de légèreté pour ne pas gêner la lecture.
Bon, parlons de l’histoire maintenant. Elle est glauque et dans la veine de ces thrillers américains qu’on trouve à foison. La fille d’un pédopsychiatre disparu depuis 5 ans est harcelée. Elle fait appel à Charlie Parker, ex-flic et détective privé, pour régler le problème. Mais le harceleur cherche sa fille, que le docteur disparu aurait suivie. Il n’entend donc pas abandonner. En creusant, Parker va tomber sur une grosse affaire de pédophilie, et aborder sur les rives de l’horreur.
C’est bien écrit, indubitablement, puisque je me suis enfilée les presque 600 pages rapidement sans broncher. Pas très original dans la construction, en dehors d’un aspect fantastique donné par petites touches au récit, qui ne m’ont d’ailleurs pas convaincue : le détective, ainsi que quelques autres personnages, voient des fantômes, êtres sombres et glaçants, qui les accompagnent dans leurs tourments. Parker se retrouve aux prises avec son passé et ses remords. S’il ne veut pas se poser un justicier, un désir farouche de vengeance le tient. Il refuse de tourner la page, de s’apaiser et de donner une chance à sa deuxième famille. Quelques touches d’humour aussi sont bienvenues pour alléger un tout petit peu l’atmosphère pesante de l’affaire et décelables notamment dans les dialogues entre Parker et Merrick, ou avec les deux anges gardiens que le détective appelle à sa rescousse, Louis et Angel (si on peut dire, car sans que tous les détails ne soient donnés dans ce tome, le lecteur comprend bien qu’il ne s’agit pas d’enfants de chœur).
Sachant que l’auteur est Irlandais, je me demande pourquoi il situe l’action aux États-Unis. J’ai un peu l’impression que, comme pour un Maxime Chattam, il s’agit surtout de trouver un moyen de vendre outre-Atlantique. Alors qu’à mes yeux, cela aurait apporté une toute autre saveur de situer le récit en Irlande.
Pas très original donc, mais efficace. Un bon roman de vacances pour ne pas se prendre la tête. Une lecture agréable qui ne me laissera guère de souvenir d’ici quelques temps.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2014/08/la-proie-des-ombres-john-connolly.html