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À la fin d’Entre ciel et terre, paru en janvier 2010, nous avions laissé le gamin sous les auspices de Geirþrúður et Helga, deux femmes propriétaires d’un hôtel sur la côte nord-ouest de l’Islande.
Le gamin s’intègre peu à peu à la communauté, faisant de menues courses pour Helga et Geirþrúður, leur faisant la lecture, le soir, en puisant dans la bibliothèque de Kolbeinn, le vieux capitaine aveugle qu’elles ont aussi recueilli. Il connaît ses premiers émois amoureux et sexuels, et pour la première fois a des perspectives d’avenir, puisqu’on lui promet une éducation.
Mais
il doit d’abord accompagner le postier Jens dans sa tournée : une longue marche difficile traversant des fjords et des montagnes presque inhabitées, dans une tempête de neige qui menace leurs vies à plusieurs reprises. Ce sera l’occasion de rencontres inattendues, car même les fermes les plus petites et les plus isolées contiennent des livres et des amoureux de la poésie.
On retrouve dans La Tristesse des anges le style si particulier de Jón Kalman Stefánsson, qui réussit à rendre poétique les événements les plus prosaïques. C’est l’occasion aussi de découvrir quelques poètes islandais dont les vers émaillent le roman.
Magnifique !
Ninioq se fait vieille mais elle reste un membre actif de sa tribu. Quand après une pêche miraculeuse, il faut que quelqu’un reste pour faire sécher la viande, elle se porte volontaire avec son petit-fils Manik. Mais la tribu ne revient pas les chercher…
Découverte d’une civilisation aux antipodes de la nôtre ! L’environnement hostile du nord-ouest du Groenland a conditionné des hommes et des femmes durs à la tâche, où chacun doit contribuer à la survie de la tribu, où les bouches inutiles « restent sur la glace » pour ne pas alourdir le fardeau des autres. Les rapports
humains en sont d’autant plus chaleureux : la famille est large et accueillante, et les rapports sexuels, notamment l’échangisme, permettent la création de liens forts.
Ninioq, au soir de sa vie, regarde en arrière sans jamais exprimer de regrets, et est heureuse de perpétuer les traditions en enseignant à Manik, ainsi qu’au lecteur, ce qu’elle sait.
Une lecture bouleversante.
Goebbels charge un groupe de Juifs polyglottes de répondre aux dernières lettres des déportés. Mais une lettre adressée par le philosophe Martin Heidegger à Asher Englehardt, son optométriste juif, bouleverse le statu quo.
Le style est bourré de clichés et l’intrigue extrêmement confuse, confinant au ridicule. Le concept était prometteur, mais l’exécution n’est pas à la hauteur. Dommage.
Johann Friedrich von Allmen est au bord de la ruine : même après avoir vendu sa maison et la plupart de ses objets de valeur, il a des créanciers partout. Pour se renflouer, il vole des verres ornés de libellules créés par le maître verrier Émile Gallé. Après l’assassinat de son receleur et une tentative sur sa personne, Allmen se mue en enquêteur.
J’ai beaucoup aimé cette histoire, même si le début est un peu laborieux, le temps d’installer le décor et les personnages. Allmen est délicieusement amoral et les personnages qui l’entourent hauts en couleur.
Tecumseh Sparrow Spivet est un scientifique, spécialiste des cartes et des schémas. Le Smithsonian à Washington a publié certains de ses travaux et voudrait maintenant lui décerner un prix. Le seul problème : T.S. Spivet n’a que douze ans.
L’intrigue elle-même est très sympathique, notamment parce qu’elle est racontée par T.S. dont l’esprit scientifique peut le faire paraître plus sérieux et plus âgé qu’il ne l’est, mais qui reste au fond un gamin de douze ans à l’imagination débordante et à l’expérience limitée.
Ce qui fait l’originalité du roman, ce
sont les marges : le récit est constellé de digressions sous forme d’anecdotes, d’analyses scientifiques, d’illustrations, qui complètent et donnent vie aux personnages.
Excellent !
Un texte très court sur le fascisme et comment il peut s'installer avec la complicité tacite de la population.
L’analogie faite dans la nouvelle, une parfaite illustration du poème de Martin Niemöller, est peut-être un peu facile pour un lecteur adulte, mais on comprend facilement pourquoi ce texte est beaucoup étudié au collège.
Simple et efficace.
À Athènes, un ancien ministre, qui ne se remet pas d'avoir perdu son portefeuille, jongle entre sa femme, sa maîtresse, sa mère et son fils.
Un livre très cru, très actuel, très original, qui montre une société grecque à des lieues des clichés habituels.
Une anthologie de poèmes publiés entre 1890 et 1990, tant en anglais qu'en irlandais, servis par d'excellentes traductions et une présentation bilingue.
On y trouve aussi bien les poètes très connus (Seamus Heaney) que des poètes beaucoup plus obscurs, ayant publiés quelques plaquettes dans des maisons d'édition minuscules.
Essentiel pour tout amateur de poésie !
Au IIe siècle après Jésus-Christ, un jeune vétéran romain et son affranchi breton voyagent au-delà du Mur d’Hadrien pour retrouver l’aigle emblème de la IXe Légion, perdu dix ans auparavant.
Un très bon roman d’aventure pour la jeunesse, dont on ne croirait jamais qu'il a été écrit en 1954. Les personnages ont parfois une sensibilité assez moderne, notamment en ce qui concerne l’esclavage, mais pas suffisamment pour rendre les personnages implausibles.
La langue du cœur, la langue de la souffrance
Après avoir découverts les œuvres de trois poètes juifs des années 20, Pierre décide d’apprendre le yiddish. Il contacte Sulamita, la fille d’un autre écrivain de l’époque, qui lui raconte son enfance et les milieux intellectuels et littéraires yiddish.
D'un pays sans amour est un magnifique hommage à trois poètes aujourd’hui oubliés, ainsi qu’à toute la vie intellectuelle qui s’est articulée autour d’eux, donnant au yiddish ses lettres de noblesse. Les persécutions systématiques dont les Juifs ont été victimes -- le nazisme et la Shoah, mais aussi les pogroms en Pologne et la paranoïa du régime stalinien -- alimentent la poésie ; certains des plus beaux vers cités ont été écrits en réaction à des atrocités.