En cours de chargement...
Une mauvaise herbe entre deux plaques de bitume. Le soleil printanier chauffant les pommettes. Une voiture brûlée dans un décor intact. Une maison en cours de réfection. Le lit d'une rivière redessinant ses contours. Viser une cible en plein centre. Viser une cible à côté. Marcher dans l'eau. S'entendre raconter une vie qui n'est pas la sienne. Etre tenté de l'essayer pour voir ce qu'elle a de si désirable.
Prendre une photo qui ne parlera qu'à soi. Attendre. Déblayer un chemin. Trouver une clairière. S'asseoir. Choisir sa route. La tension dans les muscles. Faire la course. Distinguer les couleurs. Trouver une personne belle. Le lui dire. S'installer près de l'eau. Ecouter les histoires. Prendre le visage des autres. Se glisser dans leur peau. Vivance.
VIVANCE
Un petit bout d'route en compagnie du second roman de David Lopez aux Éditions du Seuil.
Entre asphalte et campagne, le récit d'un souffle, d'une tangente à deux, à deux roues, son vélo "Séville" et lui, un homme, sur les routes et les traverses, les horizons peuplés d'incertitudes et de désirs flous. L’ordinaire se pare de poésie.
David Lopez arpente ces lisières de l'intime, en funambule, le braquet bien huilé, le long d'une ligne de fuite frémissante, les poumons pressés de liberté, de vides à combler, les mollets rincés d'ailleurs pas si lointains à ressentir.
Au cœur d'un jardin, en haut d'un col comme au détour d'un bled et d'une terrasse de café,
Vivance, c'est des grappes d'existences qu'on attrape en chemin, des vies qu'on écoute au hasard de nos errances, ces petits fragments du quotidien, ces inconnues qui nous gonflent et nous questionnent autant qu'ils attisent ce bout de flamme à raviver, visiter.
C'est des instants partagés, des solitudes explorées, des inquiétudes, des rires et des sourires, des sentiments qui se dessinent sur des visages, sans un mot, des choses que l'on dit aux autres, enfin et que l'on se dit à soi-même aussi.
Des silences et des bruits qui parlent, une quête intime bordée d'instabilité et ces mots vibrants en forme d'équilibre à trouver ou pas.
Une lecture à fleur de peau, aussi belle qu'intrigante, comme une boussole bringuebalante qui s'échappe, qui a la douce mélancolie, le mystère, la simplicité des échappées solitaires, cette impression si particulière d'être à l'écart de la frénésie du monde, mais de titiller quelque chose qui ressemble bien à l'essentiel.
Sur la selle arrière du duo, les guiboles bien ancrées dans les sacoches, le plaisir sonne comme une évidence et le temps s'arrête un peu sur quelques coups d'frein.