Noula, gardien de la grandeur des Hayek, tel le chef d'un clan antique, se fait le conteur d'une apogée et d'une décadence. Le récit d'un désastre, d'un naufrage, au seuil de la guerre fratricide. Le puissant Skandar, maître du domaine florissant, habile en affaires, en politique; est le garant du clan chrétien. Nous faisons connaissance avec Noula, Hareth, Karine, Mado, Marie, Jamilé et son armée de bonnes toutes aussi jolies, les unes que les autres. C'est la peinture d'un univers raffiné et codifié, du ballet réglé des jours, des réceptions, de la marche quotidienne d'une grande
famille; des alliances et mésalliances; des amours belles et interdites.
Fortes figures de personnalités farouchement attachées à leur terre, leur nom, leur patrimoine.
En filigrane, l'image d'un fils prodigue; celle d'un Ulysse heureux, loin des turpitudes et infamies d'un clan peu à peu délité et ruiné. Nous retrouvons l'essentiel des thèmes chers à Charif Majdalani, cette tension lyrique et épique qui fait la force et le souffle de son univers baroque.
Une douce acidité
La saga d’une famille libanaise, narrée par son chauffeur, qui a vécu avec eux l’opulence et la déchéance. L'entreprise, menée de main de maître par l'homme de la famille, ne peut hélas résister à la venue de la guerre, et lorsque les hommes passent de vie à trépas, seules les femmes restent pour tenter de préserver leurs pierres et leur histoire. Magnifiquement bien écrit, tout en rebondissements, belle métaphore de l’histoire du Liban, un roman imparable sur le poids de l'enracinement et le mal du pays, mais aussi une belle réflexion sur le déni.
Un vrai bijou de littérature.