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Une tombe du cimetière civil de Moyenmoutier porte cette épitaphe : "Thomas Rodman Plummer A. R. C. 28/02/1862 - 24/11/1918 Dartmouth Massachusetts Harvard 1884". Pour découvrir qui était cet Américain et comprendre ce qui l'avait amené à mourir à cinquante-six ans dans un village vosgien si loin de chez lui, l'auteur a enquêté dans des archives françaises et américaines, publiques et privées, et rencontré de nombreuses personnes associées aux lieux et institutions qui ont gardé trace de cette vie.
Elle a aussi enquêté sur l'histoire de sa propre famille, les Eschenbrenner et les Hydulphe de Moyenmoutier. Le livre qui en résulte entrelace l'histoire d'une vie et l'histoire d'un village. De la guerre de Sécession à la Première Guerre Mondiale, la biographie de Tom Plummer ouvre une perspective concrète sur une période de l'histoire américaine cruciale pour comprendre "le siècle des Américains".
Tom est à la fois un représentant typique du patriciat Anglo-Américain-Protestant de la Nouvelle-Angleterre, et un être singulier, qui ne réalisera pleinement tous ses talents et qualités que dans les derniers mois de sa vie, en se mettant au service des soldats et des civils d'un village de front, épuisé par quatre ans de guerre. Entre la Guerre de 70 et la Grande Guerre, Moyenmoutier, village de la frontière avant d'être village de front, a vécu une phase de modernisation et d'industrialisation bouleversant ses structures sociales et attirant des immigrants aux usines textiles.
La Grande Guerre mettra la population en contact avec des militaires venus de toutes parts de la France et de son empire colonial, et finalement, des militaires encore plus étrangers, les Américains, blancs et noirs, qui stationnent dans la vallée de juin à novembre 1918. Pour inclure les différentes voix et perspectives des acteurs de ce récit historique, l'auteur a finalement choisi (après bien des récritures) un style romanesque classique, incluant dialogues, introspection et descriptions, c'est-à-dire un travail de l'imagination.
Elle a gardé cependant des traces du travail d'enquête, à la fin de chaque chapitre et dans la bibliographie. Les illustrations nombreuses peuvent aussi bien servir à briser l'illusion romanesque qu'à l'étayer. A chaque lecteur et lectrice revient de chois r ses angles de lecture.
