En cours de chargement...
Tous nos livres d’occasion ont leurs propres histoires en plus d'en raconter une.
Cependant, un contrôle minutieux est effectué par nos équipes afin de vérifier qu’ils respectent notre charte de qualité. A savoir, des livres lus peu de fois pouvant présenter des traces d’usure ou de vieillissement, mais qui ne nuisent pas à la lecture.
La couverture et le dos peuvent présenter de petits défauts. Le papier avec le temps peut être jauni sans pour autant gêner la lecture. Toutes les pages sont présentes. Des livres à lire et relire encore et encore…
*Photo non contractuelle. L'édition livrée peut différer de celle commandée.
Autant se le dire tout de suite, ce roman est une claque.
Une claque pour les sujets qu'il aborde : la mort d'un jeune garçon de 20 ans et la transplantation : le voyage, le parcours des organes d'un corps mort vers des corps malades.
Une claque pour le style : pour l'émotion, pour la force que Maylis de Kerangal met dans ses mots. Décuplées d'ailleurs par leur économie, elle n'en dit, n'en fait jamais trop : ne verse pas dans le spectacle, le misérabilisme, la tristesse gratuite. N'appuie jamais sur le tire-larmes.
Maylis de Kerangal ajuste la forme au fond, et use, pour un livre
dévoilant les coulisses de l'hôpital, d'une écriture clinique : chirurgicale. S'attache à raconter les médecins, les patients, les familles, les vivants et puis les morts comme des hommes, comme des femmes,
des êtres humains plus que des nombres.
Ce livre est important, il sensibilise au don d'organes, et nous donne le choix, à tous, de mourir en héros.
Une session de surf. L’accident.
Mort cérébrale. Le cœur bat et peut être transplanté. « Si je ne pense plus, alors je ne suis plus. Déposition du cœur, sacre du cerveau ». Qu’est-ce qui fait de moi un homme ? Mon cogito ou mes émotions ?
L’auteure s’empare des deux et va disséquer les sentiments et les émotions qui vont muer les personnages qui gravitent autour de ce cœur. Sa plume est concise, rigoureuse, fine. Chaque mot est trié sur le volet. Le geste est précis, le fil s’étire et se rétracte en fonction des chocs et de leur mise en conscience. Figure magistralement
réussie. En refermant le livre le « Je » est transformé. C’est ça la littérature, l’art de métamorphoser, réparer les vivants.
On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre qui traite avec gravité de la mort, mais aussi du don d'organes, donc de la vie. Des phrases longues mais ryhtmées, jamais ennyeuses, qui tel le ressac, nous relatent le décès de Simon, le refus de ses parents d'en accepter la réalité, le refus aussi d'en éparpiller le corps, puis l'acceptation du don.
Quelques descriptions cocasses de lignées de grands médecins pour détendre un peu l'atmosphère, mais le tout reste extrêmement émouvant.
Un livre qui ,sans être militant, nous fait réfléchir sur un sujet difficile.
Maylis de Kerangal a cette faculté d'écriture qui nous attache tour à tour à un personnage, à un détail, à un point d'observation.
Un livre qui ne se lit pas avec légèreté mais bien avec engagement. Il en est d'ailleurs un qui ressort de manière forte, la vie serait plus belle si nous faisions tous cet acte de don de soi quand le monde nous porte de plus en plus vers un égoïsme total.
Triste pour certains, fataliste pour d'autres mais résolument émouvant et optimiste pour moi.
Quelle magnifique réussite que ce nouveau roman de Maylis de Kerangal. Une plume exceptionnelle, saccadée, tronquée, un rythme à part, brillamment mené, autour d'un thème difficile, le don d'organes. Cette histoire c'est celle de Simon Limbres, jeune surfeur de 20 ans, accidenté de la route, dans un coma irréversible. Mais c'est aussi celle de toutes celles et ceux qui vont suivre ses organes, ses parents, les médecins, les soignants et bien d'autres encore. Petites bulles de pause de temps à autre, pour reprendre son souffle, arrêter le temps, l'auteur a ce don de faire de grande histoires avec des événements très courts, rapides, telle une greffe.
Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, mais je pense qu'il est important! D'abord "j'y suis allée à reculons" le sujet me touchait... Puis j'ai plongé dans le texte, je me suis immergée dans l'histoire. La première partie est très dure , l'annonce de la mort de son enfant, accepter sa mort alors que son coeur se soulève encore (aidé par les machines)... Mais docteur et s'il sortait du coma?... douter, accepter qu'il soit "dépouillé, prendre la décision de donner ses organes...Avait-il donné son avis sur le sujet? Décider pour lui...
La deuxième partie tend plus vers la vie
puisqu'on assiste à la transplantation de son coeur chez une patiente qui se mourrait lentement...la mort pour la vie. Et les mots que les soignants vous disent, les rituels suivis après... C'est poignant!
Que l'on ait ou pas vécu cette situation, ce sujet ne peut que nous toucher.
Autour du drame de la mort d' un jeune homme, Maylis de Kerangal signe un texte fort et d' une grande justesse. L'auteur nous fait partager la douleur abyssale des parents et le quotidien des équipes médicales, oeuvrant pour la transplantation des organes dans un autre corps malade, réalisant comme le miracle d'une renaissance.
Accidenté au retour d’une session de surf, le jeune homme ne survivra pas. Le corps médical - à la frontière d’un récit choral et intimiste - va tout mettre en place pour réussir une transplantation cardiaque.
Dans ce récit à la tension extrême - vingt-quatre heures seulement -, Maylis de Kerangal cisaille son texte, le presse, le coupe pour n’en garder que l’essentiel. Pas de mise en forme traditionnel : tout se juxtapose, les guillemets sont absentes, les points finaux sont rares ; tout est virgule, la respiration est haletante, le rythme est à l’image du coeur, des battements
de textes.
D’une puissance folle, il ne suffit que de quelques pages pour happer le lecteur dans une expérience littéraire bouleversante. Sean, Revol, Marianne, Claire, … autant d’êtres humains dont leurs vies se croisent en cette journée autour d’un défi humain, quasi-métaphysique : celui de « réparer les vivants ».
Sans mauvais jeu de mot, c’est un coup de coeur.
L’idée de sujet est bonne , mais une écriture pompeuse qui fait que le livre a fini par me tomber des mains , et que je ne l'ai même pas termine.
L'histoire d'une transplantation cardiaque, le point de vue des différents protagonistes : soignants, soignés, mort, vivants, famille ... Bien sûr, le héros est le coeur ; bien sûr, ce livre est très bien documenté (pour ce que je peux en juger) mais le dénominateur commun de ces lignes de vie est le temps ... suspendu, arrêté, fulgurant, fuyant, chargé de promesses ou de souvenirs ...
Un bijou !
Réparer les vivants est frappant, percutant, un livre coup de poing comme il y en a peu. En le lisant, j'ai eu les nerfs à vif, les larmes aux yeux, ma curiosité acérée.
Cela faisait un moment que je voulait le lire. Le fait que l'auteur ait suivi les services de transplantation cardiaque y est pour beaucoup.
La médiathèque ne se le procurait pas et je cherchais un livre à télécharger sur ma Kindle pour mon voyage de ce mois d'août.
Simon Limbres, 19 ans est victime d'un accident de la circulation, causant des hémorragies cérébrales rares. il est cliniquement mort.
Nous
le suivons, juste avant l'accident. Puis nous passons le relais à ceux qui le prennent en charge et se rendent compte qu'il derait un donneur d'organes parfait.
Nous suivons ses parents, nous vivons avec eux ce deuil impossible, innommable. Nous suivons leur cheminement dans leur prise de décision concernant le don d'organes. Nous suivons celui qui doit les faire choisir, puis nous suivons tout ceux qui auront leur part de travail, de responsabilité, à la secrétaire au chirurgien, en passant par les infirmières et l'anesthésiste. Chacun ayant sa propre personnalité, sa propre histoire et tous tissent cette toile géante autour du corps de Simon.
La lecture du deuil est un choc et la lecture de tous les protocoles médicaux est stupéfiante.
L'écriture est magnifique, peut-être trop belle d'ailleurs, peut-être pas assez simple, mais on s'y enivre et on se laisse aller comme Simon Limbres se laisse aller dans les limbes.
Une légère déception pour la fin, mais ce livre lu d'une traite quasiment, est éblouissant malgré la gravité du sujet. L'auteure nous emmène dans cet hôpital où la mort est plus que présente, mais néanmoins il y a une force qui ressort de l'écriture qui nous "scotche" littéralement. La longueur des phrases participe à cette vivacité d'écriture et de lecture. J'ai adoré !!!
Pense-t-on soi-même ne serait-ce que quelques instants à ce que nous pourrions faire de bien après notre disparition, comme cela, simplement sans aucun effort ? Le soldat qui part au combat pour défendre les siens en fait bien plus lui qui en excellente santé envisage de donner sa vie pour son pays !
Des vies s’arrêtent tous les jours qui pourraient pourtant se prolonger à travers un autre qui va perdre la sienne faute de cet organe qui existe, qui lui conviendrait pour continuer à voir briller ce soleil tellement beau, tellement merveilleux qui va s’éteindre …
Mais voilà,
les préoccupations personnelles souvent bien égoïstes, voire ignorantes de ces « choses des autres » restent un obstacle malgré tant d’efforts d’information sur ce qu’est la greffe d’organe sans cesse en manque de donneurs.
Donner après être « parti » est pourtant tellement simple et devient tellement humain tout simplement.
Mais non. Les cultures, les religions, les espoirs de renaissance dans l’état ou nous sommes « partis » et que sais-je encore d’imaginaire stupide se dressent encore contre ce sacrilège d’une sorte de viol d’un défunt.
Sans compter qu’une disposition légale vient amplifier la difficulté : « l’anonymat » de sorte que même la famille d’un donneur ne doit rien en savoir… Pourtant, d’avance, certaines familles donnent humainement et courageusement leur accord pour ce prélèvement d’organe sur l’un d’entre eux qui devient alors un don suprême.
Ceux-là ont compris ce qu’est la vie, le sens de la vie la joie de vivre et se refusent à l’impossibilité de sauver celle d’autrui quelle que soit souvent leur détresse devant la disparition d’un des leurs. Ceux-là vont transformer leur douleur en une forme de joie de savoir que celui ou celle qu’ils ont perdu ne l’aura pas été pour rien.
Maylis de Kerangal ne s’arrête pour autant pas ici à cet aspect humain qui entoure les donneurs et leur famille même si elle leur rend hommage de façon bouleversante. Elle le fait aussi à tous ces intervenants médicaux qui ont su mettre en place les moyens de parvenir au but suprême « redonner la joie de vivre à un être qui n’y croyait plus ».
Ce livre aborde un thème délicat avec justesse dans le premier quart du livre : poignant et émotionnellement fort que ces parents confrontés à la mort cérébrale de leur fils Simon et à la question du don d'organes.
Mais ensuite quelle déception ! De longues phrases interminables sur les détails techniques- façon encyclopédie - d'une transplantation cardiaque. L'impression que l'auteur a recopié les pages d'un manuel de médecine. Certains personnages inintéressants comme celui de l'infirmière Cordélia et ses aventures sexuelles, au détriment par exemple des parents de Simon
complètement oubliés dans la seconde partie du livre ou de sa petite soeur Lou qui est à peine évoqué, tout comme sa petite amie Juliette, quasi inexistante ainsi que Claire qui reçoit le coeur de Simon et dont on ne sait rien de l'éventuelle " renaissance ". Si l'auteur voulait nous montrer que le milieu médical est souvent déshumanisé eu égard à une situation d'urgence c'est réussi. Je ressors de ce livre très déçue. Je m'attendais à une histoire tellement humaine et non à des digressions sans intérêt sur certains personnages ( les jets de pizzas de la petite amie du chirugien ??? quel intéret ... ) et sur des détails techniques à la pelle. C'est le sujet qui m'a fait aller au bout de ce livre qui m'est presque tombé des mains tant il s'est éloigné de ce que j'espérais.
Avant la lecture : Je ne connais pas l'auteur mais une amie m'a conseillée ce roman bouleversant. Je n'ai pas d'appriori. je ne lis pas la quatrième de couverture
Le livre en lui même : un format qui tient bien dans la main léger et souple. Par contre une écriture qui prends en entier presque toutes les pages, ce n'est par agréable. la couverture est blanche, je m'interoge un peu sur la photo.
Pendant la lecture : aie! Des phrases longues, longue, des digressions à n'en plus finir. La lecture n'est pas aisée, fatiguante...Je m'accroche parce que le thème me parle mais je suis décue
du texte. Je lis en diagonlale certains passages.
Après le lecture : L'histoire est magnifique et aborde un sujet qui brasse et qui devrait être mis en avant plus souvent. La mort qui sert la vie, c'est dur. Par contre je n'ai vraiment pas apprécié l'écriture.
Du coup je recommande pour cette histoire magnifique mais je ne relirais certainement pas ce livre.
Cruel destin que celui d’un accident routier d’une rare violence pour Simon, 20 ans, surfeur, qui revient d’une « surf session » dans le petit matin froid avec ses deux potes et dont la vie va s’arrêter à l’hôpital du Havre, lui dont le futur était grand ouvert.
Maylis de Kerangal raconte 24 heures de temps qui traversent plusieurs vies : Sean et Marianne - les parents, Juliette - son amoureuse, les médecins, les infirmières, Claire et tous les autres. Les émotions et les tensions des intimités, les bonheurs enfouis et enfuis dans le passé, le professionnalisme qui efface
toutes pensées parasites sont à fleur d’écriture.
Accepter de donner pour que la vie d’un autre corps ne s’arrête pas.
Belle leçon de vie.
Quelle claque! Ce livre est à l'instar de beaucoup de lecteurs un vrai coup de « cœur » pour moi. Il va droit « au cœur ».
Disons-le en début de critique: il est extrêmement difficile, bouleversant, intime et vous remue au plus profond de vous-même. Il requiert du calme et de l’attention. Il n’en demeure pas moins passionnant, tellement le récit est rendu abordable par l’auteur.
Le sujet thème de ce livre: la transplantation cardiaque, et plus généralement le don d'organes.
Quel que soit son avis sur la question, pour peu que l'on se soit déjà posé la question ou qu’on
l’éclipse volontairement, vous ne sortirez pas de cet ouvrage indemne. Même sans le vouloir, vous vous serez interrogé, vous aurez été ému par ce récit et ce que traversent les parents de Simon… les docteurs à l’œuvre… ou la famille de Claire et Claire, la receveuse de ce cœur.
Maylis de Kerangal livre une description chirurgicale (c'est le cas de le dire) des événements. On voit qu'elle a travaillé le sujet qu'elle maitrise sur le bout des doigts et qu’elle vulgarise parfaitement afin de garder le lecteur intéressé. On est au cœur de l’action, on y participe quasiment au milieu de l’équipe médicale ! Car oui, c’est aussi le travail d’une équipe qui est mis en exergue par l’auteur, valeur qui a tendance à se perdre aujourd’hui dans ce monde égoiste.
On remarque également rapidement la précision donnée sur la pratique du surf, autre sujet pour lequel l'auteur a du bien se documenter. Ce livre est le fruit de recherches poussées, ce qui le rend encore plus intéressant.
Le récit peut se comparer à une œuvre musicale, alternant les passages rapides, denses et forts émotionnellement, et les passages descriptifs, lents voire « pianissimo » afin que le lecteur cerne l’environnement et chaque acteur. Ces derniers aux personnalités diverses sont attachants. Ces respirations, salutaires, éviteront certainement à nombre de lecteurs de trouver ce récit trop dur et de lâcher prise en milieu de roman.
L’écriture est l’autre élément marquant de cet opus. Je ne suis pas adepte des longues, très longues phrases sans point mais avec beaucoup de virgules qui souvent endorment le lecteur et le perturbent. J’en ai zappé quelques-unes je dois le reconnaitre. Mais dans l’ensemble, le récit coule et s’écoule de pages en pages sans qu’on s’aperçoive que l’on a déjà autant avancé dans le livre.
Cette course contre-la-montre de 24h est un ouvrage que je recommande très fortement. Le mariage de la mort et de la vie. : « Enterrer les morts et réparer les vivants ».
Un roman dont le succès et les prix obtenus sont mérités
L'histoire est magnifique: un jeune homme décède et la machine médicale se met en branle pour le prélèvement des organes. Les émotions ( des parents et de l'équipe médicale) sont justes et puissantes, parfaitement bien retranscrites. Le travail d'information pour connaître le fonctionnement des hôpitaux a dû être colossal. Le seul problème, à mon avis, c'est que le style est parfois trop alambiqué et les descriptions trop longues. Les phrases peuvent parfois faire une demie page ce qui fait que l'on peut perdre le fil. Ce n'est pas un livre à livre vite fait entre deux rendez-vous, il faut prendre son temps et ne pas être dérangé à tout bout de champs. Surpassez le style d'écriture qui n'est pas toujours facile à suivre et vous aurez une très belle histoire.
Un livre totalement abouti, tant sur le plan de l'écriture (Maylis de Kerangal a une parfaite maîtrise de la langue française) que sur le plan de son sujet qu'elle a, force est de l'admettre, parfaitement travaillé. Ce livre est plein d'humanité, de sentiments. En quelques mots, il est à vous couper le souffle.
Corniche Kennedy, son quatrième roman publié en 2008 et présent dans la liste de plusieurs prix littéraire de renom (Femina, Médicis) avait fait connaître à la France entière Maylis de Kerangal, cette auteure né à Toulon mais ayant passé la majeure partie de sa jeunesse au Havre.
Avec naissance d'un pont, Maylis de Kerangal transformait l'essai en décrochant à l'unanimité le prix Médicis 2010.Cette épopée humaine, autour de la construction d'un pont - pourtant librement inspiré d'un pont cher à mon cœur, le Golden Gate de San Franscisco - ne m'avait pas séduit ; je notais
tout de même trois lettres, MdK.
En choisissant de nous raconter une autre épopée humaine, celle de la transplantation cardiaque, Maylis de Kerangal piquait cette fois ma curiosité en me proposant une nouvelle digression au milieu de mon thème de cette année 2014 des grands romanciers américains qui peine décidément à prendre le dessus.
Une entame, un premier paragraphe, une interrogation (ce qu'est le cœur de Simon Limbres...) et tout cela en une seule phrase. L'état d'urgence est installé, le compte à rebours lancé. Je le savais avant d'ouvrir le livre, Simon Limbres va donc mourir et après l'épopée humaine de la naissance d'un pont Maylis de Kerangal raconte un autre miracle possible lorsque les hommes se mettent au diapason, réparer les vivants.
Cette semaine, le premier homme doté d'un cœur artificiel est mort deux mois et demi après son opération. Malgré ce fol espoir de la bio-médecine, il ne demeure encore qu'une solution lorsque l'organe roi, l'analogie même de la vie est défaillant et doit être remplacé. Mais cette prouesse, cet acte magistral n'est possible que grâce à une découverte fondamentale, énoncée en 1959 par deux médecins français, Maurice Goulon et Pierre Mollaret: l’arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste. [...] Si je ne pense plus alors je ne suis plus. Ainsi, couplés à cette découverte, les progrès des techniques de réanimation permettant d'irriguer le cerveau de patients en état de mort cérébrale et qui sans celles-ci auraient basculer irrémédiablement dans la mort cardiaque, au delà d'énoncer une nouvelle définition de la mort, eu aussi pour conséquence de permettre les prélèvements d'organes.
C'est sur ce sujet précis que Maylis de Kerangal a choisi d'axer son récit, de développer sa réflexion. Ainsi, les interrogations autour de la mort de Simon (qui conduisait, que s'est-il passé ?) ou de la façon dont sa petite amie appréhenda la perte irréparable de son premier amour ne sont même pas évoquées ;
si certains personnages sont développés plus que d'autres, c'est qu'ils gravitent tous autour de l'acte de la transplantation (médecin qui constate la mort, infirmier coordinateur, infirmière qui assiste, chirurgien qui prélève et réimplante, parents qui disent "oui", patient qui reçoit ) en sont un maillage indispensable.
Maylis de Kerangal raconte avec précision toutes les étapes de ce prodige mais évidement vu la porté presque philosophique de l'acte, s'interroge et tente de répondre à des questions fondamentales:
[...] la loi induisant encore autre chose, une notion plus complexe qui tenait de la réciprocité, de l'échange: chaque individu étant un receveur présumé potentiel, était-il si illogique , si infondé, après tout, que chacun soit envisagé comme un donneur présumé après sa mort ?
Si c'est un don, il est tout de même d'un genre spécial, pense-t-elle. Il n'y a pas de donneur dans cette opération, personne n'a eu l'intention de faire un don, et de même il n'y a pas de donataire, puisqu'elle n'est pas en mesure de refuser l'organe, elle doit le recevoir si elle veut survivre, alors quoi qu'est ce que c'est ?
Avec en sus une écriture riche, fournie, travaillée, parfois époustouflante, quelques fois surprenante - des digressions pleine d'érudition viennent parfois émaillées le court de la narration comme pour nous permettre de reprendre notre souffle - Réparer les vivants est un réussite à tous les plans.
AL
http://bit.ly/1nzymEI
Maylis de Kerangal fait preuve d'une virtuosité telle que je sors éblouie de cette lecture et pleine du regret de l'avoir finie, bien que j'aie fait durer ces trois cent pages pendant cinq jours, un record surtout quand on sait que je suis en vacances. Je ne voulais pas quitter cette écriture, je ne voulais pas non plus avancer trop vite, je ne voulais que Simon nous quitte vraiment, et je savais que j'aurais beau relire le roman (et c'est une certitude, je le relirai et l'offrirai à foison), rien ne serait comparable à cette première lecture. Maylis de Kerangal manie les mots et les phrases
avec maestria, maîtrisant parfaitement les lexiques différents qu'elle aborde : celui du surf ou de la médecine.
Les phrases sont délicieusement longues, elles se déroulent au rythme de ce temps qui s'écoule, qu'on veut voir s'écouler lentement, au rythme de la douleur de ces parents, très touchants, des médecins qui attendent l'accord de la famille mais ne veulent rien brusquer au risque de tout faire échouer, du receveur aussi. Il n'y a aucun pathos dans ce roman, ce qui ne m'a pas empêché de verser quelques larmes (mais très peu au vu du thème). D'ailleurs, Maylis de Kerangal n'hésite pas à introduire Rose à qui l'on est reconnaissant de nous offrir cette pause fraîcheur et la gravité est toujours proche de moments plus frivoles, si bien incarnés par Cornelia, l'infirmière.
Course contre la montre, course sur le chemin de l'inacceptable pour des parents : vivre la mort de son enfant et franchir la voie du don d'organe. Le temps s'accélère pour ceux qui veulent sauver des vies et s'arrêtent pour les proches de ce jeune homme parti trop tôt. L'écriture est elyptique, chaque détail est traite comme un objet d'art en meme temps qu'il est decrit avec un realisme net et franc. Le descriptif des chirurgiens opérant ce corps est simplement fascinant.
Simon, jeune surfer plein de vie vient d'être victime d'un accident de la route au retour d'une session de surf. Ses deux amis avaient leur ceinture de sécurité, pas lui. Très vite il est transporté aux urgences de l'hôpital du Havre. Il est pris en charge par l'unité de réanimation du docteur Révol. Les premières constatations ne sont pas engageantes, la mort semble inéluctable.
Les parents de Simon sont appelés . Marianne, la mère de Simon arrive à l'hôpital, Révol lui annonce la terrible nouvelle en prenant son temps, il laisse à Marianne le temps de prendre conscience
de ce qu'il lui annonce. Il reste quelques examens à faire avant de déclarer Simon mort. En attendant son mari, Marianne se rend dans un café ou celui-ci la rejoint.
Sean, le père de Simon est lui aussi dévasté par la nouvelle. De nouveau ils se rendent à l'hôpital ou la mort cérébrale de Simon leur est annoncée. Depuis 1959, la définition de la mort a changé. Avant cette date la moment de la mort correspondait à l'arrêt du coeur, depuis, c'est l'arrêt des fonctions cérébrales qui en est le signe.
Thomas Rémige, infirmier coordinateur des prélèvements d'organes est présenté à Marianne et Sean. Simon est un excellent candidat pour le don d'organes. Simon avait il un avis concernant le don d'organes, avait il réfléchi à la question? Les parents n'ont pas de réponse à ces questions et à la peine qui les accable s'ajoute la difficile question du don d'organe. D'abord opposés à ce que leur fils soit dépouillé de ses organes, ils acceptent finalement. Le foie, les reins, les poumons et le coeur de Simon pourront être prélevés mais pas ses yeux.
Le coeur est au centre de ce roman. Cette pompe qui pulse le sang et l'oxygène dans tout notre corps, ce moteur qui nous permet de vivre n'est pas seulement une pièce mécanique. ll est considéré comme le réceptacle des sentiments, des affects, il est "à la fois mécanique de pointe et opérateur d'imaginaire surpuissant".
La logistique pour le prélèvement se met en place. Marianne et Simon rentre chez eux et annoncent la nouvelle à leur fille Lou. Ile décident aussi d'appeler Juliette la petite amie de Simon. Marianne se pose des questions :"Que deviendra l'amour de Juliette une fois que le coeur de Simon recommencera de battre dans un corps inconnu, que deviendra tout ce qui emplissait ce coeur, ses affects lentement déposés en strates depuis le premier jour ou inoculés çà et là dans un élan d'enthousiasme ou un accès de colère, ses amitiés et ses aversions, ses rancunes, sa véhémence,ses inclinations graves et tendres? Que deviendront les salves électriques qui creusaient si fort son coeur quand s'avançait la vague? Qu deviendra ce coeur débordant, plein, trop plein, ce coeur full?"
Le coeur de Simon est attribué à Claire Méjan, une femme d'une cinquantaine d'années. Pour elle non plus la greffe cardiaque ne pas pas de soi. Elle en a besoin pour vivre mais elle aussi se pose des questions "Elle a parfois la sensation de substituer aux contractions pénibles de son organe malade un va et vient fluide entre le français de sa naissance et l'anglais qu'elle a appris et que ce mouvement rotatif creuse en elle une anfractuosité en forme de berceau, une cavité nouvelle, il avait fallu qu'elle apprenne une autre langue pour connaître la sienne, aussi se demandait-elle si cet autre coeur lui permettrait de se connaître encore"
Réparer les vivants est une description exhaustive et d'une précision chirurgicale de tout le processus qui part de la mort d'un individu pour se terminer par la renaissance d'un autre. Une description froide et scientifique. C'est aussi un questionnement sur le coeur cet organe si imporant non seulement physiologiquement mais aussi dans l'imaginaire populaire. L'humanité de Thomas sRémige contrebalançant la froide rigueur des chirurgiens. Un roman coup de coeur servi par une plume précise, le lecteur se retrouve au coeur de l'action.
Maylis de Kérangal est une styliste du roman. Sur sa trame simple, elle insuffle son regard de grand écrivain, fouille les âmes, les cerveaux, les comportements. Elle donne corps à n'importe quelle situation, éclairant le moindre ressenti intime avec des mots que seul un grand observateur sensible peut écrire. On se retrouve tour à tour accro au surf, mère en souffrance, médecin de réanimation, malade cardiaque, infirmier spécialisé, avec doutes, tourments, désirs. C'est d'une précision redoutable, d'une intelligence époustouflante. Elle arrive à nous faire éprouver des sentiments, des sensations que bien souvent il nous est impossible de mettre en mots. De l'attente énervante d'un SMS à la posture de maîtrise absolue d'un chirurgien face à une transplantation cardiaque, rien n'échappe à son oeil et à sa plume d'écrivain d'aujourd'hui. Car, bien au-delà des personnages, c'est toute une société qui vit, qui bouge, qui souffre, qui aime, qui travaille, qui s'entraide qu'elle nous dépeint, mais aussi son décor, son habitat, sa place dans une histoire collective. C'est toute la dureté de la vie et le formidable élan que la passion de quelques uns apporte à l'humanité qui se trouvent ici réunis pour former un des romans les plus forts de l'année. Sans une once de mièvrerie, mais sans pour autant ériger des statues, l'auteure de "Naissance d'un pont" et " Tangente vers l'Est " nous offre ici un récit captivant et sensible.
Maylis de Kerangal
"Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps."
Le récit d'une transplantation cardiaque vue à travers les yeux de tous les maillons de la chaîne : les parents du défunt, l'équipe médicale, la personne qui recevra ce cœur tant attendu.
Un roman fort, émouvant, servi par l'écriture si particulière de Maylis de Kerangal. Magnifique et bouleversant.