Si Etienne avait eu moins de travail, si Izia était allée dans la maison familiale, Zoé ne serait pas allée à V.
Izia arrose les plantes sur son balcon, lorsque le téléphone sonne. Elle ne sait pas qu’elle vit ses derniers moments de bonheur et de plénitude. Son mari répond. Soudain, le silence. Izia croit même qu’elle a souri avant de savoir. Puis, son mari est tombé devant elle, avant de prononcer ces mots fatidiques : « Zoé, Lyon, voiture, homme au volant, morte sous le coup. » (p. 30). Leur petite fille de huit ans a été tuée par un chauffard. Elle avait été invitée
par les parents de son amie Chloé pour les vacances. Elle ne reviendra plus. Elle ne racontera pas les rires avec sa copine, les glaces mangées, etc.
Quelques mois après le drame, à la demande d’Izia, Étienne quitte l’appartement. Il espère qu’Izia le retienne et qu’elle parte avec lui. Mais partir signifie vider la chambre de son enfant, retirer ses affaires, enlever ce qu’elle aimait, jeter ce qui était elle. Izia s’y refuse. Chaque jour, en peignoir de bain, sans parfum, pour ne pas contaminer la pièce de son odeur personnelle, elle s’enferme dans la chambre de Zoé.
Le métier d’Izia est graphiste, mais elle ne se sent plus capable de dessiner. Sa créativité est liée à sa vie d’avant, la seule qui compte. Pourtant, il lui faut travailler, ne plus dépendre financièrement de son entourage. Un témoignage dans une émission de radio lui souffle une idée. Elle s’improvise déménageuse de domicile de défunt. Sa mission est d’aider ses clients à vider les logements de leurs proches, de les aider à choisir les souvenirs à conserver et de gérer la destination de ceux qui ne sont pas gardés. Avec l’aide de Samuel, qu’elle embauche, elle soutient les vivants quand elle, elle n’est pas certaine de l’être.
Izia est la narratrice principale. Son récit est entrecoupé par des interventions d’Etienne. Leurs mots continuent à faire vivre la petite Zoé, nous permettent de la découvrir et nous font l’aimer follement. Hélas, cette petite acrobate, facétieuse, avec ses questions profondes, sa perception affûtée des personnes, sa joie de vivre et son caractère affirmé, n’est plus. Le deuil impossible a remplacé la tendresse, la complicité et les rires. Je ne peux, heureusement, pas en juger, pourtant, l’expression de la douleur des parents m’a semblé d’une grande justesse. J’ai aimé que Cécile Pivot n’enrobe pas les faits de cette notion moralisatrice, que l’on nomme résilience. Izia et Etienne essaient de survivre à l’impossible, par petits pas, à leur manière. Malgré l’évidence de leur souffrance, nous ne pouvons l’imaginer. Ils nous font pleurer et nous émeuvent quand ils parlent de leur fille, provoquent des sourires attendris par leurs anecdotes, mais leurs émotions leur appartiennent, même s’ils nous les transmettent et nous ébranlent. Mon acrobate m’a bouleversée. C’est le troisième livre que je lis de Cécile Pivot et j’ai adoré les trois.
Un deuil impossible
Si Etienne avait eu moins de travail, si Izia était allée dans la maison familiale, Zoé ne serait pas allée à V.
Izia arrose les plantes sur son balcon, lorsque le téléphone sonne. Elle ne sait pas qu’elle vit ses derniers moments de bonheur et de plénitude. Son mari répond. Soudain, le silence. Izia croit même qu’elle a souri avant de savoir. Puis, son mari est tombé devant elle, avant de prononcer ces mots fatidiques : « Zoé, Lyon, voiture, homme au volant, morte sous le coup. » (p. 30). Leur petite fille de huit ans a été tuée par un chauffard. Elle avait été invitée par les parents de son amie Chloé pour les vacances. Elle ne reviendra plus. Elle ne racontera pas les rires avec sa copine, les glaces mangées, etc.
Quelques mois après le drame, à la demande d’Izia, Étienne quitte l’appartement. Il espère qu’Izia le retienne et qu’elle parte avec lui. Mais partir signifie vider la chambre de son enfant, retirer ses affaires, enlever ce qu’elle aimait, jeter ce qui était elle. Izia s’y refuse. Chaque jour, en peignoir de bain, sans parfum, pour ne pas contaminer la pièce de son odeur personnelle, elle s’enferme dans la chambre de Zoé.
Le métier d’Izia est graphiste, mais elle ne se sent plus capable de dessiner. Sa créativité est liée à sa vie d’avant, la seule qui compte. Pourtant, il lui faut travailler, ne plus dépendre financièrement de son entourage. Un témoignage dans une émission de radio lui souffle une idée. Elle s’improvise déménageuse de domicile de défunt. Sa mission est d’aider ses clients à vider les logements de leurs proches, de les aider à choisir les souvenirs à conserver et de gérer la destination de ceux qui ne sont pas gardés. Avec l’aide de Samuel, qu’elle embauche, elle soutient les vivants quand elle, elle n’est pas certaine de l’être.
Izia est la narratrice principale. Son récit est entrecoupé par des interventions d’Etienne. Leurs mots continuent à faire vivre la petite Zoé, nous permettent de la découvrir et nous font l’aimer follement. Hélas, cette petite acrobate, facétieuse, avec ses questions profondes, sa perception affûtée des personnes, sa joie de vivre et son caractère affirmé, n’est plus. Le deuil impossible a remplacé la tendresse, la complicité et les rires. Je ne peux, heureusement, pas en juger, pourtant, l’expression de la douleur des parents m’a semblé d’une grande justesse. J’ai aimé que Cécile Pivot n’enrobe pas les faits de cette notion moralisatrice, que l’on nomme résilience. Izia et Etienne essaient de survivre à l’impossible, par petits pas, à leur manière. Malgré l’évidence de leur souffrance, nous ne pouvons l’imaginer. Ils nous font pleurer et nous émeuvent quand ils parlent de leur fille, provoquent des sourires attendris par leurs anecdotes, mais leurs émotions leur appartiennent, même s’ils nous les transmettent et nous ébranlent. Mon acrobate m’a bouleversée. C’est le troisième livre que je lis de Cécile Pivot et j’ai adoré les trois.