En cours de chargement...
C'était une époque exaltée et sanguinaire où la galanterie avait besoin d'un peu de férocité pour s'élever a l'attachement romanesque, et Bois-Doré, hors du combat, où il se portait vaillamment, était d'une mansuétude révoltante... Lorsqu'il vit ses cheveux blanchir et s'en aller, il fit exprès le voyage de Paris pour se commander une perruque chez le meilleur faiseur. Le perruquier lui expliqua qu'il fallait mettre d'accord les cheveux, les sourcils et la barbe, et il lui vendit la teinture.
Mais alors Bois-Doré se trouva si blême au milieu de ces taches d'encre, qu'il fallut encore lui expliquer que le fard était nécessaire. Depuis ce jour, Bois-Doré porta perruque ; sourcils, moustaches et barbe peints et cirés ; badigeon sur le museau, rouge sur les joues, poudres odorantes dans tous les plis de ses rides ; en outre, essences et sachets de senteur sur toute sa personne : si bien que, quand il sortait de sa chambre, on le sentait jusque dans la basse-cour, et que, s'il passait seulement devant le chenil, tous ses chiens courants éternuaient et grimaçaient pendant une heure.
D'une drôlerie et d'un rocambolesque époustouflants, les Beaux messieurs de Bois-Doré est l'un des chef-d'oeuvres de George Sand.
Un roman d’aventure, de cape et d’épée, tout-à-fait honorable.
De George Sand, je n’avais lu que ses trois romans champêtres les plus connus. On retrouve ici la même naïveté : les gentils ont le cœur pur, et puis comme il faut bien quelques morts au cours de la bataille on choisit des personnages qu’on ne connaissait pas, ou peu… Classique !
C’est un peu long, encore une histoire où finalement il ne se passe pas tant de choses ; d’un autre côté, le fait de commencer le récit en se focalisant sur un personnage pour s’en éloigner au fur et à mesure que l’on découvre les vrais héros m’a paru original et inhabituel, c’est bien amené.
Et puis c’est léger en apparence mais l’auteur réussit à nous dépeindre une époque troublée. Dans notre esprit les guerres de religion se résument bien souvent à la nuit de la Saint-Barthélemy, alors que c’est une bonne partie du royaume (et même de l’Europe !) qui s’est déchirée. Avec le personnage de Mercedes on découvre aussi un autre événement historique, hélas à peine évoqué : l’expulsion des populations musulmanes après la Reconquista.