Le théâtre de Grumberg – une quarantaine de pièces, dont une dizaine pour le jeune public, jouées avec succès à la Comédie-Française et dans les plus grandes institutions publiques ou privées – occupe une place majeure dans le théâtre aujourd'hui. Cette place reconnue par le public et par ses pairs n'a pourtant pas été évaluée à sa juste valeur par la critique académique. Jean Caune aborde le théâtre de Grumberg en le situant aussi bien dans la modernité de son écriture que dans sa dimension contemporaine, celle qui éclaire les ombres et les contradictions du XXe siècle.
Ses pièces, traversées par les conditions de l'expérience juive en Europe, mettent en crise ce que certains ont appelé la "question juive". Elles sont le produit de l'alchimie d'une écriture qui, à partir d'événements et d'actions ordinaires inscrits dans une Histoire faite de douleurs et de crimes, les relate par le biais de l'humour et de la dérision, du rire et des larmes autour de personnages pris dans le monde dans lequel ils tentent de (sur) survivre.
L'émotion et la dérision y sont inextricablement tissées. Cette hybridation est la marque artistique de Grumberg.