À quarante-cinq ans, par peur d'être quitté, Henri vient de se séparer de son compagnon Tom, trop jeune pour lui. Il continue à se punir en se faisant licencier de l'entreprise de stylisme qu'il a créée avec sa sœur Marina. Anéanti par le chagrin, il décide de se retirer dans la grande maison de famille, La Passagère, face à la mer, près de Saint-Malo. Henri y renoue avec un passé tissé par une mère, Francesca, pleine de fantaisie créatrice, et un père violent, incapable d'affronter la vérité de ses enfants rebelles. En réalité, Henri passe son temps à attendre le retour de cette sœur qu'il aime trop, Marina, toujours en fuite entre deux amours, accompagnée de ses enfants qu'elle sème sur sa route. Mais c'est Jean, le benjamin, lui aussi homosexuel, qui revient au bercail, rattrapé par la maladie. Dans son refuge, où il tente à toute force de recréer l'harmonie perdue entre les siens et de juguler les drames qui se nouent sourdement, une nouvelle chance s'offre avec Olivia, une femme libre et tendre qui s'attache à lui. Henri trouvera une réponse grâce à l'ultime volte-face de sa sœur et à l'encombrant cadeau qu'elle lui laisse. Sybille de Bollardière, avec une étonnante maîtrise, campe un personnage de quadragénaire inquiet et lucide, partagé entre son attachement pour sa tribu familiale et ses amours gays. Dans les boîtes du Marais ou les villégiatures tunisiennes, comme dans les bars bretons hantés par de faux aventuriers, le ton est toujours juste, aigu, sensible, entre le tableau de mœurs, parfois cruel, et l'émotion d'une histoire familiale souvent violente.