La campagne américaine, qui débouchera sur l’élection du 45ème président des Etats-Unis le 8 novembre 2016, nous renvoie une image inédite des Etats-Unis : des discours marqués par la peur, l’exclusion et le désenchantement, des candidats hors système, un parti républicain qui semble avancer à l’envers de ses valeurs. C’est cette évolution et ce qu’elle révèle qu’a cherché à comprendre Olivier Piton avocat en droit public français, européen et américain, président de la Commission des lois à l'Assemblée des français de l'étranger, dans « La nouvelle révolution
américaine «
Pour Olivier Piton jamais les Etats Unis n’ont été aussi proches politiquement de l’Europe concernant les thèmes de cette campagne présidentielle, les transgressions qui émergent des discours, le profil très similaire de certains candidats. Pour tenter de saisir cette évolution idéologique des Etats-Unis l’auteur retrace d’abord le parcours historique de cette nation. D’abord la chrysalide américaine de 1776 à 1945 qui se construit sur trois piliers : l’humanisme anglo saxon, les lumières françaises, l’influence amérindienne. La double victoire de 1945 sur le Japon et l’Allemagne hitlérienne constitue l’apothéose de cette période. Débute alors une seconde période qui va de 1945 à 1989 où les Etats-Unis bénéficient d’une image extrêmement positive où ils peuvent s’imaginer comme l’incarnation de l’Empire du bien. Pourtant les premières contestations du modèle américain commencent à émerger. Suivront les âges d’or républicain (les deux mandats de Reagan), puis démocrate (les deux mandats de Clinton). Enfin de 2001 à 2015 le modèle américain qui se voulait universel se réduit au pré carré occidental. L’élection de Barack Obama annonce, selon Olivier Piton, l’avènement du « poste radicalisme » qui verrait la réussite des individus serait désormais indexée non sur leur origine mais sur leurs compétences et leurs mérites. Pourtant la politique étrangère d’Obama s’avère ambiguë et ses reformes économiques minimalistes. Pourtant c’est l’Europe qui vacille face à la montée du terrorisme et à la fragilisation de son modèle politique.
Dans la dernière partie de son ouvrage Olivier Piton revient sur les conditions de cette campagne présidentielle américaine finalement très européenne. Le mouvement de convergence entamé entre l’Amérique et l’Europe signe la fin de la période universaliste. La banalisation de l’Amérique, sa propension à ne devenir qu’un pays comme les autres, va de pair avec une Europe qui a, de son côté, également perdu ses illusions fondatrices.
Grâce à des aller-retours entre le passé de l’Amérique Olivier Piton fait émerger les enjeux de cette élection présidentielle qui ne résoudra cependant rien face à cette révolution qui voit les fondamentaux des Etats-Unis vaciller. L’un des grands mérites de cet ouvrage est d’éviter l’analyse à chaud au profit d’un examen des tendances longues. Une réflexion élucidante.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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La campagne américaine, qui débouchera sur l’élection du 45ème président des Etats-Unis le 8 novembre 2016, nous renvoie une image inédite des Etats-Unis : des discours marqués par la peur, l’exclusion et le désenchantement, des candidats hors système, un parti républicain qui semble avancer à l’envers de ses valeurs. C’est cette évolution et ce qu’elle révèle qu’a cherché à comprendre Olivier Piton avocat en droit public français, européen et américain, président de la Commission des lois à l'Assemblée des français de l'étranger, dans « La nouvelle révolution américaine «
Pour Olivier Piton jamais les Etats Unis n’ont été aussi proches politiquement de l’Europe concernant les thèmes de cette campagne présidentielle, les transgressions qui émergent des discours, le profil très similaire de certains candidats. Pour tenter de saisir cette évolution idéologique des Etats-Unis l’auteur retrace d’abord le parcours historique de cette nation. D’abord la chrysalide américaine de 1776 à 1945 qui se construit sur trois piliers : l’humanisme anglo saxon, les lumières françaises, l’influence amérindienne. La double victoire de 1945 sur le Japon et l’Allemagne hitlérienne constitue l’apothéose de cette période. Débute alors une seconde période qui va de 1945 à 1989 où les Etats-Unis bénéficient d’une image extrêmement positive où ils peuvent s’imaginer comme l’incarnation de l’Empire du bien. Pourtant les premières contestations du modèle américain commencent à émerger. Suivront les âges d’or républicain (les deux mandats de Reagan), puis démocrate (les deux mandats de Clinton). Enfin de 2001 à 2015 le modèle américain qui se voulait universel se réduit au pré carré occidental. L’élection de Barack Obama annonce, selon Olivier Piton, l’avènement du « poste radicalisme » qui verrait la réussite des individus serait désormais indexée non sur leur origine mais sur leurs compétences et leurs mérites. Pourtant la politique étrangère d’Obama s’avère ambiguë et ses reformes économiques minimalistes. Pourtant c’est l’Europe qui vacille face à la montée du terrorisme et à la fragilisation de son modèle politique.
Dans la dernière partie de son ouvrage Olivier Piton revient sur les conditions de cette campagne présidentielle américaine finalement très européenne. Le mouvement de convergence entamé entre l’Amérique et l’Europe signe la fin de la période universaliste. La banalisation de l’Amérique, sa propension à ne devenir qu’un pays comme les autres, va de pair avec une Europe qui a, de son côté, également perdu ses illusions fondatrices.
Grâce à des aller-retours entre le passé de l’Amérique Olivier Piton fait émerger les enjeux de cette élection présidentielle qui ne résoudra cependant rien face à cette révolution qui voit les fondamentaux des Etats-Unis vaciller. L’un des grands mérites de cet ouvrage est d’éviter l’analyse à chaud au profit d’un examen des tendances longues. Une réflexion élucidante.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)