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La guerre n'a pas un visage de femme, mais les femmes ont été de toutes les guerres. Et Svetlana Alexievitch nous en donne une vision émouvante jusqu'à l'insoutenable. Cette évocation de la Seconde Guerre mondiale bouleverse par la justesse du trait, et se charge du poids de toutes les batailles, de toutes les souffrances, de tous les sacrifices. La vérité des êtres ordinaires surgit à chaque page avec une force insoupçonnée.
Pour trouver dans nos cœurs un écho que seuls les écrivains essentiels savent faire résonner. Des centaines de destins forment un chœur tragique que la souffrance au quotidien nourrit à chaque page de son indicible beauté. Le sacrifice devient alors source de vie, et l'on se dit que jamais personne ne nous a parlé de ça comme ça, et l'on a la sensation que ces jeunes filles souriantes en vareuses de soldat seront toujours là, avec nous, et l'on se demande comment on a pu si longtemps se passer d'elles.
Thanatos contre Eros...
Un de mes plus beaux souvenirs de lecture. Le nobel donné à l'auteur a rendu nécessaire la réedition de cet incontournable objet littéraire, enfin... Alexievitch mérite amplement son prix comme le laisse présager son titre poétique, et la traduction est à la hauteur . Son regard, tant sur la question du féminin que sur celle de la signification de l'état de guerre (penser aussi au concept de "visage" chez Levinas..), est de la profondeur admirable que seuls ceux qui vivent ce qu'ils pensent et pensent ce qu'il vivent peuvent avoir, et donc partager...