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Inde du Nord, 1485. A la lisière du désert, les rajahs rivalisent de palais mirifiques. Pour les ériger, ils doivent alimenter les fours à chaux et abattent les arbres par milliers. Or, comme les Vieux l'avaient prédit, une sécheresse effroyable se met à ravager la région. Au coeur de la catastrophe, un humble paysan se dresse : Djambo, jeune homme rejeté par les siens, a rejoint le peuple des pauvres.
Dans sa longue errance, il a tout vécu, la faim, les deuils, la route, les mirages destructeurs de l'orgueil et de la richesse, la douleur de l'amour trahi. Mais il a surtout appris à connaître la Nature. Le premier, il comprend que la sécheresse n'est pas une vengeance des dieux, mais celle de la nature maltraitée. Avec quelques hommes et femmes de bon sens, il fonde une communauté qui permet la survie de tous grâce à l'application de 29 principes simples.
La vénération des arbres est le pilier de cette communauté, dont les adeptes ont pris le nom de « 29 » en hindi : les Bishnoïs.
La démarche de Djambo frappe les esprits et son efficacité fait école. Dès 1500, l'Inde du Nord compte des centaines de villages de « 29 ». Gestion rationnelle de l'eau, respect des femmes, protection des animaux sauvages, compassion envers tous les vivants, égalité des castes : les principes des Bishnoïs séduisent les hommes les plus divers.
Les politiques les respectent et ils vivent en paix. Mais en 1730, le maharadjah de Jodhpur est pris à son tour de folie bâtisseuse. Venant à manquer de bois, il expédie son armée dans une forêt qui appartient à une femme Bishnoï, Amrita. « Plutôt mourir ! » déclare-t-elle aux soldats en s'enlaçant à un arbre. Elle est décapitée. Ses filles l'imitent et sont massacrées. D'autres Bishnoïs prennent la suite, eux-mêmes trucidés.
Ce massacre semble ne jamais devoir finir. Mais à la 363e victime, le chef de l'armée, écoeuré, renonce. Et le maharadjah, troublé, décide de protéger à jamais les « 29 », leurs animaux et leurs forêts. Sur fond de steppes arides et de palais princiers, c'est cette épopée historique méconnue que ressuscite Irène Frain, après une enquête au Rajasthan sur les pas du légendaire Djambo, puis chez les Bishnoïs eux-mêmes, qui font actuellement figure de pionniers de l'écologie moderne, et donnent à ce roman flamboyant des allures de conte initiatique.
Entre documentaire et conte
Cette très belle histoire, à mi-chemin entre le documentaire et le conte, se passe en Inde il y a plus de cinq siècles. Afin de construire des palais toujours plus grands et plus somptueux, les maharajahs dévastent les forêts environnantes. Comme une fatalité, la sécheresse et la famine s’installent dans les villages, la misère gagne le pays.
Rejeté par les siens, Djambo rejoint le peuple des Errants. Sur la route, il connaît la faim, le deuil, l’amour, la douleur… Il comprend surtout que la sécheresse n’est pas une vengeance des Dieux mais celle de la nature maltraitée. Avec ces misérables, il fonde la communauté des Bishnoïs, dits « Les 29 » en raison de leurs 29 principes fondateurs. Leur ligne directrice : la gestion rationnelle de l’eau, le respect des femmes, la protection des animaux, la compassion envers tous les vivants et surtout l’égalité des castes.
Pour raconter l’épopée des Bishnoïs, précurseurs de l’écologie et du développement durable, Irène Frain est partie enquêter un mois au Rajasthan. À son retour, elle dit avoir compris que “l’écologie, c’est étendre à la nature le principe de justice”. Elle nous expose ici la philosophie de Djambo, un art de vivre respectueux de tous et dont certains des préceptes ont par la suite été repris par Gandhi.
J’ai vraiment apprécié cette lecture, très agréable et dépaysante, qui au-delà de la légende nous propose une réflexion sur nos modes de consommation et l’impact de la destruction environnementale. On en sort optimiste en se disant qu’aujourd’hui encore, nous pouvons recréer le monde.