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C'est la nuit. Une lumière en chien de fusil, recroquevillée. Cette nuit-là, Mychkine a fait irruption chez son ami Rogojine, son "frère de ténèbres". Et sans cesse il lui pose la même question, qui tourne comme un leitmotiv : "Nastassia Filippovna est-elle chez toi ? " Or, et cela Mychkine l'ignore "quoiqu'il le pressente", le crime est déjà accompli : Rogojine a poignardé Nastassia dont le corps repose comme un gisant invisible dans une pièce voisine.
A propos de la scène finale de L'Idiot, qu'il trouvait "d'une force unique dans l'histoire de la littérature", Dostoïevski confiait : "C'est en quelque sorte pour [elle] que tout le roman a été écrit et conçu". A partir de cette scène, Zéno Bianu a composé un huis clos singulier et fiévreux, un rituel de haute turbulence où une seule minute peut cristalliser une infinité de temps, cherchant à suivre au plus près la forte injonction de Genet : "Une représentation qui n'agirait pas sur mon âme est vaine".