Imaginez ; vous vous prélassez sur votre balcon et une mouette vient pondre son dernier œuf avant de mourir mazoutée. « La tache noire. La peste noire.». Juste avant, elle vous fait promettre de couver l’oeuf, puis d’apprendre à voler à l’oisillon qui en sortira. Vu l’état de fatigue de l’oiseau, vous promettez tout…. Et vous retrouvez dans les complications, surtout si vous êtes un chat, ce qui est le cas de Zorbas !
Que faites-vous ?
Un vrai problème, n’est-ce pas ? Vous ne savez pas comment vous sortir de cet imbroglio, surtout ne pas dévorer ce petit être à
plumes qui va sortir de l’œuf. Alors, vous avez intérêt à lire la suite de ce livre, car vous ne vous en tirerez pas tout seul.
Zorbas va bien vite chercher conseil auprès de ses amis Colonello, Jesaistout, Secrétario… Tous ensembles, ils vont prendre en charge l’éducation du volatile. Mais avant, il y a…. la couvade ! Imaginez un chat en train de couver un œuf et un jour :
« Zorbas prit l’œuf entre ses pattes de devant et vit comment le poussin donnait des coups de bec pour faire un trou par lequel sortir sa petite tête blanche et humide.
- Maman ! cria le poussin de mouette.
Zorbas ne sut que répondre. Il savait qu’il était noir mais il crut que la chaleur de l’émotion le transformait en un chat violet. »
Mais si, vous aussi, vous auriez craqué !!!
La solidarité entre félins ira même jusqu’à une rencontre avec le chef des rats (oui, vous avez bien lu !) pour assurer la protection du volatile, euh, pardon, « Afortunada » joli prénom donné par la bande.
Enfin bref, grâce à leur grande amitié, ils ont su faire preuve de solidarité, de tolérance (ne pas dévorer un volatile, il faut le faire !) et respecter la parole donnée.
Ce roman parle de tout cela de façon très poétique et imagée. Accepter l’Autre, même si il est totalement improbable « Nous ne te contredisons pas quand tu cries que tu es un chat, car nous sommes fiers que tu veuilles être comme nous, mais tu es différente et nous aimons que tu sois différente.»
Franchement, un triangle chat-rat-mouette qui n’avait rien de rose (oh le mauvais jeu de mot Zazy !!) mais qui s’est avéré payant.
Luis Sepúlveda, dans ce conte pour enfant, écrit apparemment pour ses propres enfants, maîtrise une écriture simple et directe, avec beaucoup de poésie, des dialogues percutants et humoristiques. Nos amis félins y parlent fort bien d’amour, de différence, d’entraide et, en prime, beaucoup de bonheur. Sans oublier que tout ceci est arrivé par la faute des humains leur maudite pollution, leurs dégazages en pleine mer. « Souvent elle avait vu d’en haut comment les grands pétroliers profitaient des jours de brouillard côtier pour aller en haute mer nettoyer leurs réservoirs. Ils jetaient à la mer des milliers de litres d’une substance épaisse et pestilentielle qui était entraînée par les vagues ».
Un livre à ne pas réserver qu’à nos chères têtes blondes, brunes ou rousses !
On veut tous un chami comme lui
Une pauvre mouette engoudronnée abandonne son oeuf à Zorbas, un gros chat noir, qui promet sur son honneur de félin de s'en occuper et d'apprendre à l'oisillon à voler. Aidé de ses fidèles compagnons félins du quartier, Zorbas prend le nouveau-né sous son aile -enfin sa patte- jusqu'au jour fatidique où il faut le laisser prendre son envol. Comment une bande de chats pourrait-elle apprendre le vol à une jeune mouette?
Conte philosophique, récit d'initiation poétique, envolée lyrique, ce superbe classique de la littérature espagnole ravira tous les coeurs, et peut-être, vous apprendra-t-il à voler aussi...