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A travers ces neuf histoires résonne chaque fois l'écho d'un drame survenu dans la vie d'une femme du XXe siècle. Ces personnages féminins se répondent, se ressemblent ou s'opposent, et forment un choeur d'une rare puissance, emmené par une plume lumineuse qui porte les coeurs en écharpe et les âmes en étendards. Dans l'ombre de ses héroïnes, la conteuse veille à nous prendre au piège, au hasard des époques et des lieux, de la petite ville pas si tranquille de Templeton au huis clos angoissant d'une ferme française sous l'Occupation.
Et l'on traverse ce livre comme on explore une maison inconnue, où chaque pièce recèle un nouveau mystère, chaque histoire une autre demeure. Quelques pages déroulent parfois une vie entière, retraçant les occasions manquées, les regrets des vieux jours que les flammes anciennes ne réchauffent plus ; des enfances passent sous la plume, les rêves d'une fillette qui voulait devenir majorette, les complexes d'une lycéenne trop ronde ; ou juste un épisode, une amitié vampirisante, un accident, l'être aimé qu'on n'a pas pu sauver, une inconnue traversant d'autres vies sans qu'on saisisse son mystère.
Creuset d'inventions et de trouvailles, ces Fugues sont une symphonie, un choeur d'une rare puissance.
D'une histoire à l'autre, d'un mystère à l'autre.
Ce recueil de nouvelles m'a beaucoup plu. L'écriture est très agréable et le ton plein de sensibilité et de douceur pour traiter de sujets pas toujours légers. Il est difficile de résumer ces nouvelles dont l'intrigue est assez ténue, c'est bien souvent une question d'ambiance. Une petite ville américaine, New-York en 1918, un mystérieux pays en proie à la guerre civile (Afrique ou Amérique du Sud, mais à quelle période ?), Buenos Aires dans les années 60, la campagne française pendant l'Occupation... Autant de lieux, d'époques qui donnent à Lauren Groff l'occasion de nous entraîner d'une histoire à l'autre, d'un mystère à l'autre. (Avril 2010)