Virginie est rentrée chez moi en catimini. Son histoire s’est retrouvée au milieu d’autres sur ma table basse.
Patiemment, elle attendait son tour pour me la raconter.
Je me doutais qu’elle avait vécu l’enfer, et j’imaginais bien que ça allait être difficile à entendre, et sûrement encore plus à appréhender.
Mais j’étais habituée à lire des choses dures.
Elle allait donc me dévoiler ses épreuves, j’en prendrais connaissance et je ressentirais plus ou moins d’émotions selon sa capacité à raconter, et la mienne à entendre. J’en garderais probablement un souvenir
ému.
Puis je découvrirais d’autres histoires.
Trois p’tits tours et puis s’en vont.
En tout cas, c’est ce que je croyais. Mais je me trompais à un point que je n’imaginais même pas…
Dès la première page, le pouls s’accélère.
À la troisième, la gorge se noue.
À la dixième, l’estomac se serre.
À la vingtième, plus aucun retour en arrière n’est possible.
Parce que refermer ce roman reviendrait à renfermer Virginie. A lui donner le rôle d’un objet que l’on pose. À lui refuser son droit à exister par autre chose que des mots.
Sauf qu’après avoir fait sa connaissance, tout cela nous est viscéralement impossible.
Alternant passé, présent, futur, elle nous explique son calvaire. Nous démontre notre méconnaissance du sujet. Nous prouve, encore et encore, que l’Homme est le plus grand ennemi de l’humanité.
Par haine viscérale, méchanceté gratuite ou peur injustifiée, tout ce qui ne lui convient pas doit être, au mieux, modifié, au pire, éradiqué.
Enfant, adolescente, puis adulte, chez ses parents, en prison ou après sa sortie, c’est ce qu’a vécu, ce que subit, et ce que devra endurer Virginie.
À quelques exceptions près, chacune des personnes qu’elle va croiser durant sa vie tentera soit de la changer, soit de la détruire. Physiquement et psychologiquement.
Imaginez le pire dont l’humain est capable, vous serez encore très loin du compte.
Avec un sujet aussi sensible, la principale crainte que l’on peut avoir en commençant un livre qui en parle, c’est que l’écrivain en fasse trop ou pas assez. Qu’il veuille faire preuve de trop de sensationnalisme, ou de sensiblerie.
Mais il n’y a rien de tout cela ici. L’auteur passe au milieu de ces écueils sans même les frôler, maintenant le cap de son histoire d’une main de maître.
Le style est impeccable, tout est parfaitement maîtrisé et paraît pourtant tellement naturel.
Il ne nous épargne aucune des horreurs traversées par son héroïne. Pourtant jamais nous ne ressentons d’excès. Peut-être parce que nous savons que, pour beaucoup, c’est une réalité…
Jacques Saussey fait naître sous sa plume une Virginie inoubliable. Terriblement fragile et incroyablement forte.
Un de ces êtres qui arrivent sans faire de bruit, et qui laissent un vide immense quand ils s’en vont…
Douloureux et fascinant.
Virginie est rentrée chez moi en catimini. Son histoire s’est retrouvée au milieu d’autres sur ma table basse.
Patiemment, elle attendait son tour pour me la raconter.
Je me doutais qu’elle avait vécu l’enfer, et j’imaginais bien que ça allait être difficile à entendre, et sûrement encore plus à appréhender.
Mais j’étais habituée à lire des choses dures.
Elle allait donc me dévoiler ses épreuves, j’en prendrais connaissance et je ressentirais plus ou moins d’émotions selon sa capacité à raconter, et la mienne à entendre. J’en garderais probablement un souvenir ému.
Puis je découvrirais d’autres histoires.
Trois p’tits tours et puis s’en vont.
En tout cas, c’est ce que je croyais. Mais je me trompais à un point que je n’imaginais même pas…
Dès la première page, le pouls s’accélère.
À la troisième, la gorge se noue.
À la dixième, l’estomac se serre.
À la vingtième, plus aucun retour en arrière n’est possible.
Parce que refermer ce roman reviendrait à renfermer Virginie. A lui donner le rôle d’un objet que l’on pose. À lui refuser son droit à exister par autre chose que des mots.
Sauf qu’après avoir fait sa connaissance, tout cela nous est viscéralement impossible.
Alternant passé, présent, futur, elle nous explique son calvaire. Nous démontre notre méconnaissance du sujet. Nous prouve, encore et encore, que l’Homme est le plus grand ennemi de l’humanité.
Par haine viscérale, méchanceté gratuite ou peur injustifiée, tout ce qui ne lui convient pas doit être, au mieux, modifié, au pire, éradiqué.
Enfant, adolescente, puis adulte, chez ses parents, en prison ou après sa sortie, c’est ce qu’a vécu, ce que subit, et ce que devra endurer Virginie.
À quelques exceptions près, chacune des personnes qu’elle va croiser durant sa vie tentera soit de la changer, soit de la détruire. Physiquement et psychologiquement.
Imaginez le pire dont l’humain est capable, vous serez encore très loin du compte.
Avec un sujet aussi sensible, la principale crainte que l’on peut avoir en commençant un livre qui en parle, c’est que l’écrivain en fasse trop ou pas assez. Qu’il veuille faire preuve de trop de sensationnalisme, ou de sensiblerie.
Mais il n’y a rien de tout cela ici. L’auteur passe au milieu de ces écueils sans même les frôler, maintenant le cap de son histoire d’une main de maître.
Le style est impeccable, tout est parfaitement maîtrisé et paraît pourtant tellement naturel.
Il ne nous épargne aucune des horreurs traversées par son héroïne. Pourtant jamais nous ne ressentons d’excès. Peut-être parce que nous savons que, pour beaucoup, c’est une réalité…
Jacques Saussey fait naître sous sa plume une Virginie inoubliable. Terriblement fragile et incroyablement forte.
Un de ces êtres qui arrivent sans faire de bruit, et qui laissent un vide immense quand ils s’en vont…