J’observe la couverture bleue et orangée, des femmes chevauchant des cochons et un titre "De la chevalerie". Nul doute ces cavalières sont en route mais leur destination semble incertaine et quelque peu grotesque…
Dans cette société médiévale, les femmes sont en couverture mais toujours cantonnées aux seconds rôles, la religion occupe une place prédominante et le monarque est éternellement un homme… Cependant les étrangers sont pourchassés, les esclaves asservis par leur labeur et les travailleurs taillables et corvéables à merci remplaçables à l’infini.
En créant
une parodie de la période médiévale c’est bien de notre ère que l’on parle et cela permet à Juliette Mancini de questionner le pouvoir et le jeu politique, soulever la question du rôle et des droits de la femme et interroger la place prépondérante donnée au travail.
Le seul qui semble tirer son épingle de jeu c’est le bouffon, qui de par sa position peut dire vrai, moquer et critiquer. Ainsi, c’est le métier d’artiste qui est mis en lumière, celui qui détourne, fait sens et amuse. Dans ce Moyen-Âge peu éclairé elle met à jour les dysfonctionnements, absurdités et folies du monde d’aujourd’hui.
C’est une oeuvre qui reprend les codes de la bande dessinée pour en jouer. Chaque chapitre thématique est suivi d’une page qui constitue un interlude fait de petites vignettes. Ces pages constituent des entractes humoristiques qui créent un effet de surprise et de divertissement. La légèreté du crayonné permet de restituer l’humour et la désinvolture et donne paradoxalement force au sérieux du propos.
En nous replongeant dans le Moyen-Âge l’auteur souligne l’absurdité du destin et l’éternel recommencement. Les guerres, le pouvoir, la soumission ou la révolte sont sempiternellement des thèmes d’actualité.
Pour sa première oeuvre peut-être que l’auteure est allée puiser son inspiration aux origines du genre du côté de la tapisserie de Bayeux. Car en effet, elle retranscrit avec talent le mouvement, que ce soit la guerre sur un champ de bataille ou la moisson dans un champ de blé. À la différence qu’elle donne voix et vie à ceux qui ne sont que trop peu représentés.
Je me demande si ces chevalières en couverture augurent une société dans laquelle le patriarcat perdrait ses droits et les femmes seraient enfin ce qu’elles désirent être.
MARIE SATOUR (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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J’observe la couverture bleue et orangée, des femmes chevauchant des cochons et un titre "De la chevalerie". Nul doute ces cavalières sont en route mais leur destination semble incertaine et quelque peu grotesque…
Dans cette société médiévale, les femmes sont en couverture mais toujours cantonnées aux seconds rôles, la religion occupe une place prédominante et le monarque est éternellement un homme… Cependant les étrangers sont pourchassés, les esclaves asservis par leur labeur et les travailleurs taillables et corvéables à merci remplaçables à l’infini.
En créant une parodie de la période médiévale c’est bien de notre ère que l’on parle et cela permet à Juliette Mancini de questionner le pouvoir et le jeu politique, soulever la question du rôle et des droits de la femme et interroger la place prépondérante donnée au travail.
Le seul qui semble tirer son épingle de jeu c’est le bouffon, qui de par sa position peut dire vrai, moquer et critiquer. Ainsi, c’est le métier d’artiste qui est mis en lumière, celui qui détourne, fait sens et amuse. Dans ce Moyen-Âge peu éclairé elle met à jour les dysfonctionnements, absurdités et folies du monde d’aujourd’hui.
C’est une oeuvre qui reprend les codes de la bande dessinée pour en jouer. Chaque chapitre thématique est suivi d’une page qui constitue un interlude fait de petites vignettes. Ces pages constituent des entractes humoristiques qui créent un effet de surprise et de divertissement. La légèreté du crayonné permet de restituer l’humour et la désinvolture et donne paradoxalement force au sérieux du propos.
En nous replongeant dans le Moyen-Âge l’auteur souligne l’absurdité du destin et l’éternel recommencement. Les guerres, le pouvoir, la soumission ou la révolte sont sempiternellement des thèmes d’actualité.
Pour sa première oeuvre peut-être que l’auteure est allée puiser son inspiration aux origines du genre du côté de la tapisserie de Bayeux. Car en effet, elle retranscrit avec talent le mouvement, que ce soit la guerre sur un champ de bataille ou la moisson dans un champ de blé. À la différence qu’elle donne voix et vie à ceux qui ne sont que trop peu représentés.
Je me demande si ces chevalières en couverture augurent une société dans laquelle le patriarcat perdrait ses droits et les femmes seraient enfin ce qu’elles désirent être.
MARIE SATOUR (CULTURE-CHRONIQUE.COM)