Léon Werth part en Cochinchine en 1925. Il a publié, entre autres, Clavel soldat dont l'antimilitarisme fit scandale lors de sa parution en 1919. Ce voyage est imprégné de l'émerveillement de celui qui rencontre un univers totalement étranger, et qui se délecte de cette étrangeté. Il immerge ses sens dans les paysages, les senteurs, les goûts nouveaux, puis il en exprime les moirures, les nuances, les infinies subtilités. " Les marchandes découpent la seiche aux ciseaux, passent les morceaux à la braise et les frappent à coups de marteau sur une grosse pierre.
Cela sent la mer et les vieilles dentelles. " Et d'un récit de voyage ample et magnifique il parvient à faire, sans que le lecteur sous le charme ne s'en rende compte, un pamphlet rageur et impitoyable contre la bêtise du colonialisme et la stupidité des " politiciens qui donnent aux problèmes des solutions claires sans même en définir les termes. "