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Sur la place d'un village de Corse, Stéphane Campana, ardent nationaliste, connu de tous, vient de s'effondrer, fauché par deux balles tirées à bout portant. Sur son corps inanimé est venue se jeter Virginie, la jeune fille qui n'a cessé de vivre dans la vénération de cet homme que, tout enfant déjà, elle s'était choisi pour héros au point de s'abandonner, corps et âme, à ses plus étranges désirs.
De l'engagement politique de celui qui baigne à présent dans son sang, le roman reconstitue alors la genèse erratique jusqu'au point, périlleux, où la trajectoire insulaire rencontre celle de deux jeunes Marocains - Khaled et sa soeur Hayet - échoués en Corse à la recherche d'un improbable monde meilleur, celui que, sur la corniche de leur ville natale, près de Tanger, faisait miroiter à leurs yeux l'inoubliable et merveilleuse promenade connue sous le nom de "Balco Atlantico"...
D'une rive à l'autre, de mémoires qui ne passent ni ne se partagent, entre les âpres routes de l'exil et l'esprit d'un lieu singulier, Jérôme Ferrari jette le pont d'un roman solaire, érigé dans une langue ouverte sur toutes les mers où, de naufrages en éblouissements, passé et avenir naviguent de concert dans le rêve des hommes. Né à Paris en 1968, Jérôme Ferrari, après avoir été professeur de philosophie au lycée international d'Alger pendant quatre ans, vit actuellement en Corse.
Actes Sud a déjà publié Dans le secret (2007).
Sombre, Violent et pourtant si beau
Sombre et violent, Balco Atlantico ne peut en être autrement puisque Jérôme Ferrari va nous faire entrer dans le monde de l'ultranationalisme corse en suivant Stéphane Campana. Et ce monde là n'est que vengeance, conflit et destruction.
Sombre et violent, également parce que Balco Atlantico relate la relation perverse entre cette petite fille devenue adulte, d'une beauté époustouflante, qu'un homme manipule et détruit.
Sombre et violent, surtout parce que Balco Atlantico relate la destruction d'un rêve : celui de Khaled et Hayet qui ont fui leur pays pensant qu'ils vivraient mieux ailleurs... Et qui ne trouveront en final que malheur et désillusion.
Au fil des chapitres, Jérôme Ferrari nous livre une partie de l'histoire de Corte. Son écriture mêle les destins avec finesse et précision, à tel point que le lecteur a très souvent l'impression de contempler un album photos dont les instantanés pris sur le vif en apprennent bien plus que les mots.
Et pourtant, chaque mot, chaque nom à son importance dans l'écriture de Jérôme Ferrari... En effet, si Virginie porte ce prénom, c'est simplement parce qu'à la place d'un Mater Dolorosa, c'est une Vierge païenne qui pleure un homme.
Alors que le lecteur espère que, peut être, d'ici la fin de l'histoire, tout va s'arranger pour Corte, c'est un final qui claque comme trois coups de feu...
Peut être le roman le moins connu de Jérôme Ferrari, mais déjà un vrai chef d'oeuvre... qui porte en lui la douleur des souvenirs, de la perte de l'espérance, l'errance, l'amour jusqu'à l'obsession, la solitude mais malgré tout l'Espoir.