Ce roman a pour cadre le début de la période que nous appelons aujourd'hui les Trente Glorieuses afin d'oublier la période d'après-guerre qui vit de nombreux collaborateurs réintégrer leur situation, et d'oublier la guerre d'Algérie au cours de laquelle l'Armée et l'Etat Français ont montré qu'ils n'avaient de leçons à recevoir de personne en terme de torture, d'assassinat, d'attentats, et autres atrocités.
Le livre d'Hervé Le Corre vient nous rappeler ces moments peu glorieux, qui retentissent (au moins pour l'un d'entre eux) encore dans notre société, je parle des relations
entre Français dits de souche (rapatriés ou non) et Français (ou non) d'origine algérienne vivant en France.
Ce livre a le mérite essentiel de nous replonger dans cette période très trouble pendant laquelle des policiers qui avaient obéi aux ordres pendant la seconde guerre mondiale sont encore en poste (mais tous les corps de métier sont concernés !). C'est aussi la période pendant laquelle de jeunes appelés ont aussi obéi aux ordres, massacré des civils innocents ou non, torturé des combattants
C'est donc avant tout une oeuvre de mémoire qui rappelle aux adultes d'aujourd'hui que le pays des droits de l'homme a des poubelles remplies de saloperies, et une oeuvre fort bien documentée.
C'est aussi un roman drôlement bien écrit, il faut prendre son temps, savourer chaque phrase, en relire certaines. Hervé Le Corre a du remettre cent fois son ouvrage sur le métier. C'est une histoire de destins "décroisés", de deux hommes poussés hors des limites de l'humanité. C'est aussi un formidable portrait de salaud, le Commissaire Darlac, qui n'aurait pu être qu'un salaud ordinaire comme vous et moi.
Il est rare que la guerre d'Algérie prenne autant de place dans un roman, policier de surcroit. Hervé Le Corre décrit avec talent le désarroi dans lequel ont été plongés les combattants appelés sur le terrain, mais aussi la guerre sale, la torture, la barbarie (qui n'ont pas été le fait que des combattants français pour être juste).
Après la guerre est-il moins un roman sur la vengeance d'un homme trahi par le Commissaire Darlac qu'un roman sur la guerre qui a continué après la fin officielle des hostilités, souterraine, sans bruit ?
L'intrigue, qui pourrait ne sembler qu'accessoire au vu de la richesse de ce roman, est riche, complexe mais pas trop.
Elle nous plonge dans une ville, Bordeaux, aujourd'hui disparue, nous en révèle les richesses passées (la vie du port est par exemple omniprésente).
Lisez-le, il restera longtemps dans votre mémoire.
Guerres
Quelques années après la guerre, les cicatrices laissées par l’occupation sont encore profondes et le commissaire Darlac, au passé sulfureux, se retrouve confronté à un fantôme revenu des camps de la mort. Une histoire de vengeance sombre et violente avec en filigrane, la guerre d’Algérie. Voilà la toile de fond de ce bouquin écrit de belle manière par Hervé Le Corre. Plus que l’histoire, c’est l’ambiance qui m’a beaucoup plu. La France d’après-guerre, pas encore complètement remise de ce conflit et aussi Darlac ! Un véritable méchant qu’on aime haïr et qui vous surprendra par la noirceur de son âme. Un roman noir, un vrai.