Je vous présente un livre dense, touffu, bien écrit et très long (plus de 700 pages). Agaat c'est une enfant meurtrie adoptée par une femme blanche (une afrikaner) qui se désole de ne pas avoir d'enfant. Mais quand le fils viendra, Agaat deviendra la domestique de la riche famille et puis quand sa maîtresse sera paralysée, ne pourra plus s'exprimer, elle sera l'infirmière, la nounou d'une femme entièrement dépendante de ses bons soins. Nous rentrons dans la vie mentale de cette paralysée, dans ses souvenirs, avec un mari paranoiaque et violent. Elle n'a plus que cela car elle ne peut s'exprimer que par des clignements de paupières. C'est une saga familiale, l'histoire d'une femme intelligente et indépendante qui sera incomprise par son mari. Elle aura une relation conflictuelle avec sa bonne (Agaat) jusqu'à la fin de sa vie car, si elle reconnait ses qualités de domestique, sa fiabilité, elle jalouse l'ascendant qu'elle aura sur son fils unique. Agaat établiera avec lui, son fils, des liens qu'elle, sa mère, sera incapable d'instaurer. Elle lui en voudra toute sa vie.

Le thème est passionnant, le duel entre les deux femmes aussi. Malheureusement, je trouve que le roman souffre de longueurs et qu'il aurait vraiment gagné à être un peu raccourci. La forme surprend puisque le roman est un mélange de présent et de passé, le passé étant parfois écrit sous forme d'abbréviations dans les carnets de Milla. Parmi les points positifs de ce roman, je mettrais le fait qu'on ne puisse pas faire confiance à la narratrice, Milla, c'est toujours un point de vue que j'aime dans un roman. Et les personnages sont magnifiques, Milla avec ses contradictions et dont on ne sait pas si elle est celle qu'elle décrit ou celle que décrivent son mari et Agaat, celle qui fut une enfant que Milla voulait emmener dans des lieux réservés aux blancs et qui devenue une domestique, ne put jamais se mêler aux siens. Des liens très complexes se nouent entre les deux femmes mais aussi entre Agaat, Milla et son fils Jakkie.