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" Il le sent bien mon coeur brisé, Mauriac. Sa présence est bienfaisante. Il me calme, je me sens soutenue. Il est là, il arrive à être content, il ne s'arrête pas de m'aimer. Je sais que son amour à lui est sans limite. J'ai tant aimé ma grand-mère. Arrêter d'aimer est une expérience terrible. Pour la première fois de ma vie, je sens l'amour qui s'en va de cette manière. Sa maladie l'a détruite et mon amour n'y a pas survécu.
" L'idéal christique, le chien aimé et la grand-mère insupportée sont les trois sommets du triangle dans lequel se déploie le récit, en forme de huis clos, d'Adrienne Darno. Trois pôles qui, dans leurs interactions, génèrent contrastes et vertiges, cruauté et incompréhension, colère et tendresse chez une narratrice qui, par-delà ses liens avec eux, révèle son for le plus intime et peut-être le plus indicible et douloureux.
D'une lucidité totale et dérangeante, cette oeuvre, où il est finalement question de notre propre humanité, s'érige au-dessus de toutes les hypocrisies, pulvérise la filiation et nous tend un miroir implacable.