En 1958, après treize ans d’absence, Ariane, l’héroïne des Fiancés de l’été retourne à Florac, en Lozère. Accompagnée de sa fille, Emma, elle craint l’accueil de ses parents. Depuis sa fuite, en 1945, elle ne leur a plus donné de nouvelles. Alors que sa mère la reçoit avec effusion, son père adopte une attitude glaciale. Il ne lui a pas pardonné son départ, ni sa conduite pendant l’Occupation : son geste désespéré pour tenter de celui qui était son fiancé, ce sacrifice qui a conduit à son arrestation par les FFI. Accusé lui-même de collaboration, puis relaxé,
il n’a pas voulu entendre les justifications de sa fille.
Ariane n’est pas la seule à revenir s’installer dans la région : le docteur Jacques Dufresne emménage avec son fils, Sami, et avec sa nouvelle épouse, Clémence, dans la propriété héritée de ses parents, les Taillades. C’est dans cette maison qu’Alizia, la maman de Sami, s’est cachée pendant la Deuxième Guerre mondiale, à proximité d’une unité de la Wehrmacht, venue réquisitionner la demeure des Chaptal, les parents d’Ariane. Jacques, son épouse et leur bébé en sont repartis, peu avant la Libération. Le petit garçon n’est pas heureux de quitter le lac Léman pour ce « coin perdu ».
Le vieux Félicien observe les arrivées et pressent qu’un drame va se produire. Âgé de soixante-dix ans, il se souvient des évènements qui ont marqué Florac, pendant la guerre. Dans le village, les langues se délient : ceux qui n’ont pas oublié, racontent ; les autres extrapolent. Les adultes se reconstruisent, malgré un passé douloureux et des difficultés à en parler ; les enfants grandissent et nouent des liens indéfectibles. Sami et Emma deviennent très proches et passent leur temps libre ensemble. Leur amitié provoque des réactions diverses : certains s’attendrissent quand d’autres s’inquiètent.
Auréolée de son succès dans la maison de couture Christian Dior, Ariane a changé. Elle a mûri. Elle n’est plus la jeune fille qui endurait les reproches, sans se défendre. Elle n’accepte plus les jugements, sans nuances et sans prise en compte du contexte. Elle assume ses décisions passées et entend qu’elle a été une victime. Aussi, elle supporte difficilement l’attitude de son père. Ce dernier est tiraillé entre ses sentiments paternels, ses convictions et ses blessures anciennes. J’ai aimé que les personnages ne soient plus les mêmes que dans le premier tome, qu’ils évoluent en fonction des évènements, que leurs actes et leurs pensées ne soient pas figées. Même si je n’ai pas toujours approuvé leur attitude, j’ai aimé la véracité de leurs revirements, mais aussi celle de la consolidation de leur personnalité.
Les cendres de la guerre ne sont pas éteintes. Les braises camouflent les stigmates de l’Occupation, mais elles sont prêtes à se ranimer et à dévoiler leurs secrets. Les retours simultanés, mais séparés, imputables au hasard, de Jacques et d’Ariane troublent des existences qui se pensaient protégées. Que sont-ils venus chercher ? Ce passé, dont ils parlent peu, les endeuille et pèse, en silence, sur les épaules de leurs enfants. Avec beaucoup d’émotion, Christian Laborie décrit les non-dits, les rancœurs et les mensonges qui rongent la France d’après-guerre. Il poursuit l’histoire d’une femme resplendissante de courage, qui ne s’est pas laissé abattre par les épreuves et les trahisons.
Le Retour d’Ariane est la suite indépendante des Fiancés de l’été. Je vous recommande la lecture des deux tomes, pour lesquels j’ai eu un coup de cœur.
Rancœurs et mensonges d’après-guerre
En 1958, après treize ans d’absence, Ariane, l’héroïne des Fiancés de l’été retourne à Florac, en Lozère. Accompagnée de sa fille, Emma, elle craint l’accueil de ses parents. Depuis sa fuite, en 1945, elle ne leur a plus donné de nouvelles. Alors que sa mère la reçoit avec effusion, son père adopte une attitude glaciale. Il ne lui a pas pardonné son départ, ni sa conduite pendant l’Occupation : son geste désespéré pour tenter de celui qui était son fiancé, ce sacrifice qui a conduit à son arrestation par les FFI. Accusé lui-même de collaboration, puis relaxé, il n’a pas voulu entendre les justifications de sa fille.
Ariane n’est pas la seule à revenir s’installer dans la région : le docteur Jacques Dufresne emménage avec son fils, Sami, et avec sa nouvelle épouse, Clémence, dans la propriété héritée de ses parents, les Taillades. C’est dans cette maison qu’Alizia, la maman de Sami, s’est cachée pendant la Deuxième Guerre mondiale, à proximité d’une unité de la Wehrmacht, venue réquisitionner la demeure des Chaptal, les parents d’Ariane. Jacques, son épouse et leur bébé en sont repartis, peu avant la Libération. Le petit garçon n’est pas heureux de quitter le lac Léman pour ce « coin perdu ».
Le vieux Félicien observe les arrivées et pressent qu’un drame va se produire. Âgé de soixante-dix ans, il se souvient des évènements qui ont marqué Florac, pendant la guerre. Dans le village, les langues se délient : ceux qui n’ont pas oublié, racontent ; les autres extrapolent. Les adultes se reconstruisent, malgré un passé douloureux et des difficultés à en parler ; les enfants grandissent et nouent des liens indéfectibles. Sami et Emma deviennent très proches et passent leur temps libre ensemble. Leur amitié provoque des réactions diverses : certains s’attendrissent quand d’autres s’inquiètent.
Auréolée de son succès dans la maison de couture Christian Dior, Ariane a changé. Elle a mûri. Elle n’est plus la jeune fille qui endurait les reproches, sans se défendre. Elle n’accepte plus les jugements, sans nuances et sans prise en compte du contexte. Elle assume ses décisions passées et entend qu’elle a été une victime. Aussi, elle supporte difficilement l’attitude de son père. Ce dernier est tiraillé entre ses sentiments paternels, ses convictions et ses blessures anciennes. J’ai aimé que les personnages ne soient plus les mêmes que dans le premier tome, qu’ils évoluent en fonction des évènements, que leurs actes et leurs pensées ne soient pas figées. Même si je n’ai pas toujours approuvé leur attitude, j’ai aimé la véracité de leurs revirements, mais aussi celle de la consolidation de leur personnalité.
Les cendres de la guerre ne sont pas éteintes. Les braises camouflent les stigmates de l’Occupation, mais elles sont prêtes à se ranimer et à dévoiler leurs secrets. Les retours simultanés, mais séparés, imputables au hasard, de Jacques et d’Ariane troublent des existences qui se pensaient protégées. Que sont-ils venus chercher ? Ce passé, dont ils parlent peu, les endeuille et pèse, en silence, sur les épaules de leurs enfants. Avec beaucoup d’émotion, Christian Laborie décrit les non-dits, les rancœurs et les mensonges qui rongent la France d’après-guerre. Il poursuit l’histoire d’une femme resplendissante de courage, qui ne s’est pas laissé abattre par les épreuves et les trahisons.
Le Retour d’Ariane est la suite indépendante des Fiancés de l’été. Je vous recommande la lecture des deux tomes, pour lesquels j’ai eu un coup de cœur.