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Tout semble brisé dans la vie d'Erica qui ne peut compter sur l'aide de personne pour s'occuper de son père, tout juste sorti de l'hôpital. Son fils Jimmy, qui arrive à l'improviste après plusieurs années de silence, ne lui offre aucun soulagement, car lui-même se sent mal à l'aise face à sa famille dans ce quartier de Brooklyn trop hanté par ses souvenirs. Il prend au contraire une nouvelle fois la fuite pour se réfugier chez des amis, à 80 km de l'État de New York, où il se sent plus perdu que jamais.
Alors qu'une tempête se prépare, Jimmy appelle sa mère, et Érica n'hésite pas à prendre la route en affrontant les éléments déchaînés pour venir au secours de ce fils devenu sa seule raison de vivre. Et tous deux se retrouvent dans une atmosphère de fin du monde.
William Boyle revient ici au décor et aux personnages de Gravesend qu'il évoque avec une mélancolie déchirante, celle-là même que lui inspire Bob Dylan lorsqu'il chante Everything is broken.
Tout est brisé
William Boyle nous cisèle le portrait d'un adolescent en proie à la morosité, à l'insatisfaction perpétuelle. Un ado tourmenté par le souvenir d'un père qui l'a rejeté dans son identité propre.
C'est d'une mélancolie tempérée de colère que Boyle écrit l'histoire et les allers-retours de ce jeune Jimmy. Il part pour revenir. Il revient pour partir. Un cheminement cabossé, accompagné d'errances éthyliques, d'amitiés foireuses et de rencontres improbables.
On pense à Russell Banks quand il écrit Sous le règne de Bone, on pense à l'attrape-coeurs de Salinger. C'est un peu tout ça mais ce n'est pas ça.
C'est beau, c'est dur, c'est une chanson de Bob Dylan dans l'ammoniac des vies ahuries.