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« À nous, parents inquiets et ignorants, la recherche fébrile dans les dictionnaires médicaux, le décryptage impossible des graphiques d'électro-encéphalogrammes et l'interprétation plus que hasardeuse des
bilans biologiques. Le regard froid et technique des médecins blasés, leur arrogance expérimentée, hautaine et fuyante. De l'autre côté, la maladresse et l'extrême compassion des amis et de la famille n'arrangeaient rien.
Leur compassion maladroite et pesante nous hérissait, on s'empêchait de les repousser avec brusquerie, ce n'était pas le moment de parler ou de partager, c'était juste le moment de comprendre et de se battre. C'était le moment de crier en silence. »
Un jour, en rentrant de vacances, Alexandre, 8 ans, fait une crise. Panique générale. La vie bien ordonnée de sa mère s'effondre. Qu'importe le chemin retrace le combat à contre-courant d'une mère et de son fils.
Diagnostiqué épileptique, Alexandre sera un petit garçon fragile et sensible, puis un jeune homme en proie à de lourdes addictions qui lui feront connaître les tourments de la rue et la violence de l'enfermement psychiatrique. Sa mère sera présente à chaque instant. Sans jamais céder au désespoir ni au fatalisme, Martine Magnin livre un témoignage poignant et sincère sur l'amour d'une mère face à un enfant en dérive.
RECOMMANDE PAR LE RESEAU CULTURE CHRONIQUE
Vous aimez les histoires qui pincent ? Celles qui pincent l’estomac puis le cœur ? Celles qui donnent l’impression de frôler l’auteur, comme si les pages renfermaient un peu de sa chair, « Qu’importe le chemin » est de ce type-là.
Martine est divorcée. Elle a deux enfants ; Alex, huit ans et Lola, deux ans et demi. Un matin, Alex fait une crise d’épilepsie, la première d’une longue série. Une crise violente et déroutante. La terre s’effondre selon les mots de Martine Magnin. L’enfance et son insouciance s’envole du petit garçon et plus rien ne sera pareil, jamais, car Alex est incurable.
Commence alors la ronde infernale et incessante des soins. Alex est résistant aux traitements. Il ne peut plus vivre comme un enfant normal et il le vit très mal.
Martine Magnin choisit soigneusement ses mots pour décrire le début de cette descente infernale, comme si elle cherchait à préserver le lecteur de ce qui va suivre, mais cela ne fonctionne pas. On pressent le drame. Les scénarios se bousculent dans notre tête et notre estomac se crispe instinctivement.
A l’adolescence, Alex bascule. Il refuse toute médication et convole vers d’autres produits. La porte de l’enfer s’ouvre, et ces parents aimants y entrent contre leur gré. Martine et Paul son ex-mari vont relever Alex sans faillir, durant des années. Le défit ? Empêcher leur fils d’atteindre le point de non retour, ce point d’où les toxicomanes ne reviennent pas vivants.
« Qu’importe le chemin » n’est pas un texte sombre et c’est là son intérêt majeur. L’auteur pose des touches d’optimisme dans chaque ligne et les phrases semblent patinées tellement elles sont belles.
Toutes les mères auraient eu le droit d’être submergée. Toutes ! Mais pas Martine.
Elle se découvre psychologue dans l’âme et fine analyste, puis l’amour qu’elle porte à ses enfants est indestructible, alors elle fait face.
L’agressivité, les demandes d’argent répétées, les promesses non tenues ; elle fait face. Les cures avortées, les mensonges, les disparitions d’Alex, des jours, des mois ; elle fait face.
Et la vie doit suivre son cours. Lola à élever, la boutique atelier à développer, cette boutique que Martine a créée avec Coline et Eve, ses deux amies précieuses. Le travail comme moteur de survie, le travail indispensable à l’épanouissement.
« Qu’importe le chemin » est un récit mais on devine la romancière en sommeil. Ce texte est généreux, juste et profond. Aucune mièvrerie. Pas de griefs, pas de jugement, pas regrets, pas de lamentation.
Chapeau madame ! J’ai admiré votre force et votre amour inépuisable.
Annick FERRANT