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Du 1er octobre au 15 décembre 1856, la Revue de Paris publie dans six numéros consécutifs un roman inédit, Madame Bovary. Laurent Pichat, rédacteur de la Revue, a exigé de son auteur des coupes et censuré certaines scènes. Dès qu'il reçoit en avril 1857 son exemplaire de l'édition originale, Flaubert, désireux de pérenniser la bêtise du censeur, reporte une par une les corrections exigées et commente la suppression imposée.
Il procède très minutieusement : au crayon d'abord - il met les passages concernés entre crochets, il barre d'un trait horizontal les fragments courts, d'une croix de saint André les plus longs - puis à l'encre, il encadre presque toujours le morceau visé et, quelquefois, repasse à la plume sur les rayures au crayon. Paradoxe de la rature, ce qui immédiatement saute aux yeux, c'est la violence de la mutilation.
Et c'est presque une autre Madame Bovary que l'on découvre, une Bovary de bon goût, enfin acceptable, privée de son « immoralité » supposée.
Sans doute le premier écrivain à inscrire rétrospectivement dans le corps même du livre l'un des moments douloureux de sa genèse, Flaubert montrait volontiers cet exemplaire-témoin à ses amis. Par cette édition, son objectif est atteint : faire sortir la censure du cadre privé du manuscrit afin que la postérité puisse juger.
Œuvre intemporelle
Emma épouse Charles Bovary, Médecin de campagne, mais petit à petit ses espoirs sont déçus et ses ambitions condamnées car elle rêve de la Haute société. Charles est le véritable héros de ce récit : aimant, gentil, persévérant, tempéré, simple mais sans ambition. Emma, quant à elle, est capricieuse et légère mais avant tout elle est malheureuse car elle est pleine d’illusions sur ce que devrait être sa vie. Même si certains trouvent incompréhensible de lire un roman où l’héroïne s’ennuie, Flaubert nous offre, ici, une peinture sociale caricaturée et une galerie de portraits. Je pense qu’on ne peut apprécier la véritable richesse de ce roman à n’importe quel âge car c’est avant tout un classique romantique et il faut voir un peu plus loin que l’intrigue. Le style de Flaubert est un vrai régal et son écriture est d’une réelle virtuosité.