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Tous ces riens mis ensemble et qui font une enfance, une jeunesse, ce qu'on appelle les beaux débuts d'une vie, comment apparaissent-ils aux yeux du narrateur ? Que dire de ces profils perdus, spectres muets, parents disparus, filles oubliées, semblables aux silhouettes falotes d'une noce égaillée dans la campagne, dont les rires et la musique vont bientôt s'éteindre ? Renouvelant le genre de l'autobiographie, l'auteur nous offre, de son éducation sentimentale, un récit sans complaisance, haut en couleur, baroque et réaliste à la fois.
Par le libre jeu de la mémoire et de l'imagination, il ressuscite l'ambiance d'une petite ville provinciale, les personnages sacrés des ancêtres, un père instituteur, en proie à la phobie des microbes, une mère qui joue les divas, victime du martyre de l'obèse. Bientôt, viendront les apprentissages du cour (et du plaisir), les brèves ferveurs de 68, les voyages et les amours où défilent vierges de campus et putains de Barcelone.
Faut-il perdre sa vie, pour en ressaisir plus tard la vérité, quelques instants sauvés de l'oubli, par le privilège de l'écriture ? Dans ce voyage au bout de sa jeunesse, Jean-Louis Chabaud nous prouve que toutes les promesses de la littérature (contrairement à celles de la vie) peuvent être tenues.
