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« Dis-moi donc, Lélia, puisque tu veux que je le prenne pour une femme et que je te parle comme à mon égale, dis-moi si tu as la puissance d'aimer, si ton âme est de feu ou de glace, si en me donnant à toi, comme j'ai fait, j'ai traité de ma perte ou de mon salut ; car je ne le sais pas, et je ne regarde pas sans effroi la carrière inconnue où je vais le suivre. Cet avenir est enveloppé de nuages, quelquefois brillants comme ceux qui montent à l'horizon au lever du soleil, quelquefois sombres comme ceux qui précèdent l'orage et recèlent la foudre.
»
Si George Sand demeure illustre pour ses romans champêtres, on sait bien moins en revanche qu'une œuvre aurait pu la placer parmi les plus grands écrivains romantiques de sa génération. Cette œuvre est sans aucun doute Lélia (dans sa première version). La mélancolie du personnage principal est évoqué avec un tel lyrisme qu'il est difficile de ne pas être époustouflé(e) par la beauté de son style.
La vision féminine de George Sand du spleen et certains codes traditionnels qu'elle remet en question confèrent également à ce volume une modernité sans précédent. Les annotations de Pierre Reboul desservent parfois hélas ce titre, mais à sa lecture nous ne pouvons que nous rappeler pourquoi Dostoievski rendit hommage à cet écrivain avec tant de ferveur.