En pleine guerre de Sécession, la jeune esclave noire Bell Hood prend la fuite vers le Nord et la liberté. Engagé parmi les confédérés, Jeremiah Hoke survit mutilé à la terrible bataille de Shiloh, et, hanté par les atrocités auxquelles il a assisté, se lance lui aussi sur les routes avec au coeur l’espoir de se racheter. Leur dangereux périple sur le fond d’un pays à feu et à sang les mène tous deux vers les mêmes lieux, faisant à nouveau se croiser leurs destins déjà marqués par un drame commun.
Le Cercueil de Job est un astérisme dans la constellation du Dauphin.
Si ce nom lugubre résonne sur le récit comme une malédiction, il est aussi pour Bell Hood, au travers des histoires dont son père a bercé son enfance, le symbole de l’espoir en une autre vie possible, dans un lieu rêvé où les Noirs disposeraient librement et sans peur d’eux-mêmes. C’est cette image, seule lumière rescapée du cauchemar de la plantation, qui lui donne la force de s’échapper, puis de poursuivre sa route malgré les embûches. Dans la profonde noirceur qui pèse sur la narration, elle est la petite flamme, fragile mais inextinguible, qui entrouvre l’avenir vers une Amérique différente, celle qui, un jour, comme en témoigne l’entame de chaque chapitre, commencera à reléguer dans ses archives historiques le traumatisant souvenir de toute cette violence.
En attendant, entre exécutions d’esclaves et boucherie des champs de bataille, le roman se déploie dans un réalisme cru et violent, dessinant dans le sang et la boue une fresque historique étourdissante, encadrée par deux temps forts : la bataille de Shiloh, qui, en 1862, horrifia les deux camps par l’ampleur alors sans précédent de son carnage, et celle, deux ans plus tard, de Fort Pillow, tristement célèbre pour la polémique que suscita le massacre de prisonniers nordistes, majoritairement noirs. Heureusement, de ce chaos et de cette folie se détachent quelques bribes d’humanité, comme autant de bouffées d’oxygène empêchant le lecteur de céder à l’accablement. Elles sont incarnées par une poignée de personnages secondaires attachants, formant, comme les étoiles qui guident Bell Hood, une constellation placée sous l’égide de l’entraide et de la bonté.
S’il m’a parfois semblé un peu pesant à la lecture, Le cercueil de Job est un grand et puissant roman, probablement majeur pour comprendre l’Histoire de l’Amérique, et pour que l’on n’oublie jamais avec quelle férocité les démons de la ségrégation y ont longtemps refusé d’enfin céder le pas.
Guerre de Sécession
En pleine guerre de Sécession, la jeune esclave noire Bell Hood prend la fuite vers le Nord et la liberté. Engagé parmi les confédérés, Jeremiah Hoke survit mutilé à la terrible bataille de Shiloh, et, hanté par les atrocités auxquelles il a assisté, se lance lui aussi sur les routes avec au coeur l’espoir de se racheter. Leur dangereux périple sur le fond d’un pays à feu et à sang les mène tous deux vers les mêmes lieux, faisant à nouveau se croiser leurs destins déjà marqués par un drame commun.
Le Cercueil de Job est un astérisme dans la constellation du Dauphin. Si ce nom lugubre résonne sur le récit comme une malédiction, il est aussi pour Bell Hood, au travers des histoires dont son père a bercé son enfance, le symbole de l’espoir en une autre vie possible, dans un lieu rêvé où les Noirs disposeraient librement et sans peur d’eux-mêmes. C’est cette image, seule lumière rescapée du cauchemar de la plantation, qui lui donne la force de s’échapper, puis de poursuivre sa route malgré les embûches. Dans la profonde noirceur qui pèse sur la narration, elle est la petite flamme, fragile mais inextinguible, qui entrouvre l’avenir vers une Amérique différente, celle qui, un jour, comme en témoigne l’entame de chaque chapitre, commencera à reléguer dans ses archives historiques le traumatisant souvenir de toute cette violence.
En attendant, entre exécutions d’esclaves et boucherie des champs de bataille, le roman se déploie dans un réalisme cru et violent, dessinant dans le sang et la boue une fresque historique étourdissante, encadrée par deux temps forts : la bataille de Shiloh, qui, en 1862, horrifia les deux camps par l’ampleur alors sans précédent de son carnage, et celle, deux ans plus tard, de Fort Pillow, tristement célèbre pour la polémique que suscita le massacre de prisonniers nordistes, majoritairement noirs. Heureusement, de ce chaos et de cette folie se détachent quelques bribes d’humanité, comme autant de bouffées d’oxygène empêchant le lecteur de céder à l’accablement. Elles sont incarnées par une poignée de personnages secondaires attachants, formant, comme les étoiles qui guident Bell Hood, une constellation placée sous l’égide de l’entraide et de la bonté.
S’il m’a parfois semblé un peu pesant à la lecture, Le cercueil de Job est un grand et puissant roman, probablement majeur pour comprendre l’Histoire de l’Amérique, et pour que l’on n’oublie jamais avec quelle férocité les démons de la ségrégation y ont longtemps refusé d’enfin céder le pas.