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« Madame, dit Catherine le lendemain à Mistriss Allen, y aurait-il quelque inconvénient que j'allasse aujourd'hui chez Miss Tilney ? Je n'aurai point de tranquillité que je ne lui aie expliqué comment les choses se sont passées.
- Eh bien, ma chère, répondit Mistriss Allen, allez-y, seulement mettez une robe blanche ; Miss Tilney eu porte toujours une. Catherine fut bientôt prête ; et, avec plus d'empressement que jamais, elle alla à la Pump-Room pour s'informer du logement du général Tilney.
Elle croyait qu'il logeait dans Milsom-Street, mais elle n'en était pas bien sûre ; elle ignorait le numéro de la maison, et les explications que Mistriss Allen avait voulu lui donner avaient augmenté ses incertitudes au lieu de les dissiper. Quand elle eut appris ce qu'elle désirait sauoir, elle s'achemina promptement vers l'endroit où demeurait M. Tilney, non sans éprouver de très-fortes palpitations de cour et sans avoir la tête entièrement remplie de tout ce qu'elle avait à dire pour se justifier.
En chemin elle aperçut sa chère Isabelle qui était dans un magasin avec toute sa famille : elle détourna la tête dans la crainte d'être forcée de s'arrêter et elle arriva ainsi, sans rencontrer d'obstacles à la maison du Général.
Après s'être assurée du numéro, elle frappa à la porte et demanda Miss Tilney. Le laquais dit qu'il croyait que sa maîtresse était à la maison, qu'il n'en était cependant pas bien sûr ; il demanda à Catherine son nom ; celle-ci lui remit sa carte. Quelques minutes après il revint et lui dit, d'un ton qui s'accordait mal avec ses paroles, qu'il s'était trompé, que Miss Tilney était sortie. Catherine rougit, se retira, mais très-persuadée que Miss Tilney était chez elle, et qu'elle se croyait trop offensée pour la recevoir.
»
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Réjouissant, délicat et drôle
Du même auteur que "Orgueil et Préjugés", ce roman de moeurs anglais nous invite dans la province pré-victorienne. Catherine Morland campe une jeune fille de bonne famille, naïve et dont le coeur ne demande qu'à s'enflammer comme celui des héros des romans qu'elle affectionne.
Autour d'elle, Isabelle Thorpe, Madame Allen, les Tilney ... vont amener l'héroïne à se révéler.
Jane Austen a une écriture très directe. Elle ne se perd pas en descriptions interminables, ni des paysages ni des sentiments. Elle aime à se moquer de ses personnages et nous surprend par des chutes inattendues :
Volume I Chapitre XII : "Et maintenant, je peux envoyer mon héroïne au lit, à son insomnie, à son oreiller garni d'épines et trempé de larmes. Tel est le sort d'une véritable héroïne. Elle pourrait s'estimer heureuse si dans les trois mois qui viennent, elle parvient à retrouver le sommeil."
Bien plus piquant que le film de Joe Wright qui me fit pourtant me liquéfier d'amour pour Matthew Macfadayen !