Le roman bouleversant d'une famille en temps de guerre
La vue saisissante d'un clocher d'église surgissant des eaux du lac artificiel Resia au Sud-Tyrol, a inspiré à Marco Balzano un roman puissant, se déroulant sur des décennies, avant et après l'immersion du village de Curon.
La narratrice, Trina, s'adresse à sa fille, Marica, dont elle est séparée depuis de nombreuses années, et lui raconte sa vie.
Trina a dix-sept ans au début du texte, elle vit à Curon, village de montagne dans le Haut-Adige, avec ses parents. En 1923, ce territoire autrichien annexé par l'Italie à la suite de la Première Guerre mondiale, fait l'objet d'une italianisation forcée : la langue allemande, qu'on y parle, est bannie au profit de l'italien. Trina s'amourache d'Erich, employé de son père menuisier, un solitaire aux yeux gris, qu'elle regarde chaque jour passer devant ses fenêtres avec son chien et son troupeau de vaches, qu'elle finit par épouser et dont elle aura deux enfants, Michael et Marica.
Au début de la guerre, tandis qu'Erich s'active dans une farouche résistance aux mussoliniens et au projet de barrage qui menace le village, la petite Marica est enlevée par sa tante qui l'emmène vivre en Autriche.
Cette absence, vive blessure jamais guérie chez Trina, sera le moteur de son récit, qui ne cachera rien des fractures apparaissant dans la famille (surtout lorsque son fils Michael devient hitlérien) ou dans le village, des trahisons, des violences, mais aussi des joies et des scènes de retrouvailles traitées avec finesse et pudeur.
Un roman magnifique, mêlant avec talent la grande et la petite histoires, qui fera résonner longtemps la voix de Trina qui, malgré les violences de la guerre, reste fidèle à ses passions de jeunesse, courageuse, indépendante et digne.
Biographie de Marco Balzano
Traductrice de l'italien, docteur en histoire, Nathalie Bauer a publié quatre romans : Zena (JC Lattès, 2000), Le feu, la vie (Philippe Rey, 2007), Des garçons d'avenir (Philippe Rey, 2011) et Les Indomptées (Philippe Rey, 2014).
Je reste ici
Village de Curon. Dans le Tyrol Italien. Annexé en 1923 par l’Italie fasciste. Menacé de disparaître sous les eaux à la construction d’un barrage.
Le roman est une longue confession d’une mère à sa fille qui a quitté le village avec sa tante, pour l’Allemagne. Une confession pleine d’inquiétude, de manque et de force. Sous le sceau du pardon et de la mémoire.
Une confession irriguée par l’amour d’ici et la terreur d’ailleurs.
Car il est toujours question de rester ou de fuir.
Question de courage et d’indépendance. D’errance et d’apprentissage.
La guerre. Les régimes autoritaires. Un mal pour un mal.
Il y a beaucoup de résonances et d’échos qui entraînent le lecteur dans cette histoire puissamment orchestrée.
La montée du fascisme et du nazisme. Le lobbying mafieux des grandes industries. L’exil. Et cette vie paysanne qui disparaît peu à peu du panorama européen. Le choc des cultures. Et la langue que l’on cherche à ostraciser.
Je reste ici est un long voyage qui sédimente l’homme dans sa survie, l’homme dans son appartenance au monde des hommes. Une variation sur le thème du bouleversement. Bouleversement du monde, bouleversement des familles, bouleversement des idéaux,...
De la fin de la première guerre mondiale à la libération de la seconde, un magnifique roman traversé par l’Histoire !