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Manuel Duarte est un écrivain sexagénaire en panne d'inspiration dont la vie affective et matérielle part à vau-l'eau. Menacé d'être expulsé de son appartement dont il ne peut payer le loyer, il déambule dans le Leblon, quartier huppé de Rio de Janeiro, tandis qu'autour de lui la ville périclite. Bolsonaro vient d'arriver au pouvoir, porté par une élite violente et égoïste. Duarte pose sur ce monde grotesque, à la fois réel et fantasmé, un regard distancié, qui donne une saveur terriblement comique à son récit.
La narration, entre le roman épistolaire et le journal intime, forme un puzzle exquis que le lecteur prendra sans aucun doute plaisir à faire, assemblant ainsi les morceaux d'une trame qui semble conduire Duarte à sa perte, inexorablement.
Farce sombre, ce roman de Chico Buarque est une critique subtile et mordante du Brésil d'aujourd'hui, un portrait de première main d'un pays hanté par ses vieux démons (la dictature, les inégalités sociales, le racisme, le fanatisme religieux).
C'est aussi un conte plein d'humour, souvent noir, empreint d'un rire contagieux qui conquiert le lecteur à chaque page.
Portrait de l'artiste en vieil homme
Dans ses chansons, dans ses romans, Chico Buarque nous enchante toujours.
Dans son dernier opus, on suit un écrivain en panne d'inspiration (encore un, vous me direz) qui vagabonde, tel un fantôme oscillant entre deux espaces (la haute société et le bas de l'échelle), deux temps (le passé et le présent), deux femmes (ou trois, ou plus…).
Sombre, comique, ce puzzle narratif ! Tout y est (ou presque), en condensé : autoritarisme, violence, inégalités sociales, racisme, religion. Mais aussi, musique, alcool, sexe.
Bref, un puzzle à l'image du Brésil, et que l'on reconstitue avec le plaisir avide du lecteur.