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Après trente ans de travail acharné, Stendhal est digne d'improviser ; il sait peindre d'un premier trait, d'un seul trait. Il a lentement créé cet instrument de prose rapide, qui est lui-même : son style le plus parfait est devenu sa voix naturelle. L'originalité n'est plus un but qu'il se propose : elle est en lui... La revanche imaginaire, ce rêve de compensation qui succède à la douleur de l'échec et en marque la convalescence, est un des excitants les plus forts de l'imagination créatrice.
C'est sous cet aspect de revanche imaginaire qu'il faut voir la transposition de Stendhal en Julien, la beauté de Julien, sa minceur. Les souvenirs directs gardent leur accent secret et déchirant parce qu'ils sont placés parmi les enthousiasmes de la revanche imaginaire.
Un grand roman, à lire passé 30-35 ans pour l'apprécier à sa juste valeur
Stendhal ne décrit pas l'action avec de grandes descriptions, ce qui l'intéresse c'est l'émotions qu'elle produit à ces personnages. Pour comprendre vraiment ce livre, il faut avoir plus de 30 ans. On prend de la distance (grâce à notre expérience...) et on voit, les fils qui actionnent la marionnette Julien Sorrel, ce qui le motive, en quoi il est le fruit de son éducation et de la société dans laquelle il vit, ce dont il est responsable et ce qu'il subit, au lieu de le juger (comme on a tendance à le faire lorsqu'on le lit dans la petite 20taine).