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Michael Cunningham décrit le destin d'une famille dont les parents immigrés européens croient dur comme fer au rêve américain. Or ce dernier s'effrite, les mensonges énormes sont camouflés sous des apparences respectables et la façade ne tient plus longtemps debout. Les enfants échappent aux parents qui se perdent eux-mêmes, bref la famille vole en éclat. Au-delà du scandale, Cunningham parvient à analyser les multiples rapports qui peuvent lier tous les membres d'une même famille, les interrogations les plus intimes de chacun, et vient faire appel à notre propre vécu ; on se retrouve forcément un peu dans cette histoire.
La prouesse d'Emma Donoghue réside dans sa capacité à tenir sur la durée en nous plaçant dans la peau de Jack, un enfant de tout juste 5 ans, vocabulaire compris. Enfermé depuis sa naissance avec sa mère dans une chambre, tout son monde tient en quelques mètres carrés et les images de la télévision. Cependant on se lasse parfois des expressions enfantines par lesquelles le héros désigne « Madame Table », « Grand Méchant Nick » et « Monsieur Tapis ». L'intrigue est là encore une bonne trouvaille, même si à mon goût on met trop de temps à découvrir le nœud de l'histoire, l'élément qui va venir perturber la routine tranquille du garçon et de sa mère. Room se lit bien mais trop de choses sentent l'artifice pour qu'on se laisse totalement prendre au jeu.
"Pas plus loin. Mais jusque-là"
J'avais envie de lire Les chaussures italiennes car justement il ne s'agissait pas d'une enquête de plus du commissaire Wallender dont j'avais par ailleurs pu apprécier les aventures. Le début du récit est plutôt déconcertant : Mankell décrit le quotidien monotone de Fredik, un homme dont la vie semble derrière lui. Pas franchement convaincu par l'intérêt de la première partie du roman, trop descriptive et pesante à mon goût mais reflétant bien l'inertie du protagoniste, j'ai néanmoins poursuivi ma lecture et grand bien m'en a pris. Dès l'instant qu'Harriet, l'ancien amour de Fredik qu'il a lâchement abandonnée des années auparavant, apparaît et que leur quête désormais commune nous est dévoilée, l'histoire prend une épaisseur remarquable. Il y est question de filiation, d'amour, de promesses non tenues, de nouvelles promesses, du chemin parcouru et de celui qui se dessine. Mankell traite sans détours mais avec une belle justesse les questions de la mort, de la maladie qui abîme, de la peur qui en naît. Un très beau livre que ces chaussures italiennes.