La dystopie, un genre littéraire révélateur des problématiques sociétales

Roman d'anticipation par excellence, la dystopie dépeint, sous forme narrative, les dangers d'une idéologie. En s'opposant clairement à l'utopie, elle met en garde contre des idéaux dont les conséquences pourraient être catastrophiques, notamment pour les libertés humaines. Retour sur un courant littéraire très récent qui oscille entre science-fiction et réalité.

Qu'est-ce que la dystopie ?

Définition de la dystopie

Issu de l'anglais dystopia, le terme dystopie est composé du préfixe grec « dys », marquant une négation ou une erreur, et du radical « topos », se traduisant par « lieu ». Étymologiquement, la dystopie correspond donc à un endroit particulier ayant une connotation négative. Elle est le contraire de l'utopie, représentant une société idéale créée grâce à un projet politique et de profondes réflexions. De la même manière, la contre-utopie est le résultat d'idéaux aux conséquences graves. Les œuvres dystopiques illustrent généralement les préoccupations de leur époque et anticipent d'ailleurs les dérives d'une société.

Histoire de la dystopie

La contre-utopie tire ses origines de deux genres littéraires du XVIIIe siècle. Elle s'inspire d'abord des fictions satiriques s'attaquant aux œuvres utopiques, à l'instar des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, mais aussi du roman d'anticipation, popularisé par Louis-Sébastien Mercier. La dystopie moderne est réellement apparue au début du XXe siècle avec Le Talon de fer de Jack London. Publié en 1908, ce roman décrit une tyrannie capitaliste fasciste dotée d'un système répressif impitoyable. Par la suite, c'est l'écrivain Aldous Huxley qui s'intéressera aux complications potentielles de la société de consommation naissante avec Le Meilleur des mondes, publié en 1932. Le célèbre Ravage de René Barjavel, sorti en 1943, traite des progrès scientifiques en imaginant une société soudainement privée d'électricité. L'humanité n'a alors pas d'autres choix que de se reconstruire sur de nouvelles bases.

Les grandes œuvres dystopiques et leurs auteurs ?

Un des romans les plus célèbres de ce genre littéraire est évidemment 1984 de George Orwell. Comme pour La Ferme des animaux, qui est une satire de la révolution russe, l'auteur y dépeint un monde totalitaire. L'émergence du régime soviétique, puis du national-socialisme, a ainsi inspiré de nombreux romans contre-utopiques. Cet univers fictif est décrit par des protagonistes prisonniers d'un système initialement mis en place comme un vrai projet utopique. La narration est parfois développée dans une dimension fantastique, mais elle reste le plus souvent très proche de la réalité afin d'accentuer ses dénonciations et son pouvoir oppressant.

La deuxième partie du XXe siècle est marquée par plusieurs ouvrages contre-utopiques devenus célèbres. On peut citer Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, La Planète des singes de Pierre Boulle ou Soleil Vert d'Harry Harrisson. Margaret Atwood signe avec La Servante écarlate un récit dystopique angoissant dans lequel un régime religieux totalitaire asservit les femmes à des fins reproductives.

De nos jours, les dystopies mêlent généralement des thèmes contemporains tels que les dangers de la manipulation des médias, de l'intelligence artificielle ou encore du réchauffement climatique (Les Fleurs de l'ombre de Tatiana de Rosnay).