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Surprenant Lampedusa ! Le Guépard, bien sûr, tout le monde connaît, tout le monde admire le roman de l'écrivain sicilien, l'évocation seule du titre fait lever en chacun une myriade d'images aussi belles et désolantes que le spectacle d'un palais en ruine. S'égare-t-on dans son oeuvre, on y rencontre, il est vrai, tout le chatoiement, et l'obscurité aussi, soleil et ombre mêlés, d'un royaume évanoui, une salle de bal oubliée à Palerme, la sauvagerie de la côte syracusaine, l'ondulation des collines derrière Agrigente, le labyrinthe d'un château familial endormi au fond d'un désert.
A lui seul le nom du Guépard contient la Sicile, l'histoire du passage de l'Italie à l'âge moderne, la survivance du passé dans le présent, la beauté poignante des souvenirs saccagés. Un roman fait pour parler aux chercheurs du temps perdu donc, aux archéologues de l'irrémédiable. S'il n'y avait que cela... Le Guépard fut publié en 1958. S'il est universellement connu, l'unique roman de Lampedusa souffre encore de se voir réduit souvenu en France à quelques stéréotypes qui empêchent de le lire vraiment : le prince mélancolique, le désir conquérant, la Sicile éternelle, l'éphémère des réalisations humaines sous les étoiles.
Une relecture s'impose donc pour donner à l'oeuvre toute la richesse qui est la sienne et proposer aux lecteurs toujours plus nombreux des éclairages nouveaux sur l'art romanesque de ce qu'Aragon a appelé, à sa parution "un des grands romans de toujours". Oui, il est temps de relire Lampedusa. Pour rendre justice aussi, à un auteur qu'il ne faut pas craindre de placer aux côtés des grands Européens ses contemporains du siècle dernier.
Pour découvrir tant l'étendue de son oeuvre, qui ne se limite pas au seul roman qui a fait sa légende et pour entrer dans un laboratoire d'écriture finalement peu connu et à tout le moins singulier.