Le monde des médecins au XXe siècle

Le corps médical représente un monde bien défini par ses qualifications et son exercice professionnel. De toutes les professions libérales, la médecine est la seule qui soit familière à chacun d'entre nous. Pourtant, notre vision en demeure extérieure, fragmentée. En s'intéressant à tout ce qui constitue, au fil du XXe siècle, le monde des médecins, le lecteur sera sans doute surpris par l'ancienneté et la pérennité de certains thèmes comme la pléthore médicale, les revenus jugés insuffisants, la défense des principes de la médecine libérale qu'il s'agisse du secret médical, du libre choix du médecin ou du paiement à l'acte. Cette stabilité étonne d'autant plus au regard de l'extraordinaire évolution technique et thérapeutique qui a bouleversé la médecine et en a radicalement transformé la pratique. Ce monde, celui du médecin de campagne avant 1914, omini-praticien (et souvent pionnier de l'automobile), comme celui de l'hyperspécialiste hospitalier de la fin du siècle, c'est d'abord un exercice quotidien, étroitement imbriqué à la vie privée du praticien, depuis la période de formation et le périlleux moment de l'installation jusqu'aux longues années de pratique. L'histoire des médecins au XXe siècle, c'est aussi celle de leurs rapports souvent conflictuels avec les pouvoirs publics. Rapports marqués de temps forts : la poussée xénophobe des années trente, l'exclusion des médecins juifs ou la création de l'Ordre des médecins sous l'Occupation, la mise en place de la Sécurité Sociale à partir de 1945, la bataille de la légalisation de l'avortement.