Avec ce premier roman, Lucienne Zinant compose un chant d'amour vibrant : le chant d'amour d'une fille pour sa mère, la Margot, et pour le village de son enfance, Albanne, bout du monde perché en surplomb d'une vallée. Au fil capricieux de souvenirs pleins de fraîcheur, l'héroïne Marie, restitue l'histoire déchirée de sa jeunesse, éclose à l'heure où son pays se meurt... Là-haut bien des générations se sont usées à combattre les rigueurs de la vie paysanne. Accrochée aux jupes maternelles, Marie grandit heureuse au rythme de la terre mais cette fin du XXe siècle, en créant l'isolement dans les montagnes rompt l'équilibre ancestral : quel avenir désormais face à la ville séductrice et dévoreuse ! Dans la quête parallèle de leur être, l'adolescente par-delà inquiétudes, tourments et révoltes atteint l'apaisement tandis que son village perd définitivement son âme. Pourtant il avait des airs de paradis le village de Marie ! Dans un style souple et lumineux, Lucienne Zinant n'a pas son pareil pour dépeindre l'adoration d'une petite fille pour sa mère (Margot-la-Souveraine) ou pour exalter une nature âpre ou voluptueuse, violente mais par l'homme apprivoisée. Mais survient le déclin : face aux marchands de rêves, venus d'en-bas, la petite communauté se décompose, se désagrège dans une lutte sans merci pour le pouvoir. Un regard curieux, une plume acérée saisissent alors sur le vif et sans pitié les postures trop humaines de la haine et de la vanité. Avec la parole vive et colorée d'une conteuse de la Tradition, Lucienne Zinant dresse pour nous le portrait éternel d'un personnage au destin tragique : celui d'une graine de paysan.