« Le radio-réveil s'allume deux minutes avant le journal du matin. Je mets le canon argenté du revolver dans ma bouche et j'appuie sur la détente. Ma tête explose ; des dizaines de petits morceaux d'os s'incrustent dans les murs du papier peint bleu sombre constellé d'étoiles que j'ai posé l'été dernier ; un bout de mon hypophyse atterrit dans le verre ; Le sang nettoie ma chambre d'une propreté rouge. Quitte à perdre quelques minutes de sommeil, je préfère me tuer avant les informations. Après, ça va mieux. »
Le ton est donné, il va falloir s’y faire et…. Pas besoin de
pistolet sur la tempe pour apprécier.
IL, puisqu’il n’a même pas de nom, anonyme chez les anonymes, vit seul dans un appartement aseptisé qu’il « retapisse » à sa façon ….. « J’ai toujours la même surprise en m’apercevant qu’il n’y a personne pour m’aimer et me trahir
Son travail lambda ne lui procure aucun plaisir : « Je m’emballe dans mon costume de travail. La cravate est le ruban du paquet cadeau que j’offre chaque jour au capitalisme mondial. C’est très frustrant car je suis un cadeau que personne ne déballe »
La complainte du grille-pain, la théorie sur la terre ronde, y aviez-vous pensé…… LUI, oui.
Son toubib lui découvre une maladie, ou plutôt, un parasite interne. Un grand requin blanc l’habite, cause de ses vives douleurs. Pensez, lorsqu’il bouge, l’aileron, les grosses dents…. Lui touillent les intestins !
« Les analyses confirmèrent son diagnostic : j’ai bien un grand requin blanc qui nage dans mon corps. Il mesure cinq mètres douze. Ça aurait pu être pire, certains mesurent plus de sept mètres. » Pour la médicamentation, ça se déguste !!
Et les morceaux de bravoure publicitaire qui ponctuent certains chapitres : un régal
« La civilisation, c’est la domestication et l’élevage de la peur. »
« On peut démolir une pyramide ; on ne peut ébrécher la musique. Ce qui fait que la musique est la seule architecture qui peut se mesurer à l’infini. »
Ce bouquin est de la dynamite en page, de la poésie en absurdité !
Sous de belles phrases, de bons mots, Martin Page parle de la solitude du travailleur trentenaire, solitaire dans une société dirigée par l’apparence, du stress…. Mais IL a un jardin secret et quel jardin, ainsi qu’un orchestre de musiciens mexicains, quoi de plus normal !!!
J’ai vraiment adoré le ton pince-sans-rire, les bons mots, les phrases où l’absurde se dispute à la poésie.
En nous parlant de phantasmes de tentatives de suicide, Martin Page nous montre son comparse essayant, à tout prix, de vivre, de survivre dans ce monde de requins (ils ne sont pas qu’à l’intérieur de LUI). Et si le plus dangereux n’était pas de se suicider mais d’essayer de vivre en société ?
l'absurde comme un des beaux-arts
« Le radio-réveil s'allume deux minutes avant le journal du matin. Je mets le canon argenté du revolver dans ma bouche et j'appuie sur la détente. Ma tête explose ; des dizaines de petits morceaux d'os s'incrustent dans les murs du papier peint bleu sombre constellé d'étoiles que j'ai posé l'été dernier ; un bout de mon hypophyse atterrit dans le verre ; Le sang nettoie ma chambre d'une propreté rouge. Quitte à perdre quelques minutes de sommeil, je préfère me tuer avant les informations. Après, ça va mieux. »
Le ton est donné, il va falloir s’y faire et…. Pas besoin de pistolet sur la tempe pour apprécier.
IL, puisqu’il n’a même pas de nom, anonyme chez les anonymes, vit seul dans un appartement aseptisé qu’il « retapisse » à sa façon ….. « J’ai toujours la même surprise en m’apercevant qu’il n’y a personne pour m’aimer et me trahir
Son travail lambda ne lui procure aucun plaisir : « Je m’emballe dans mon costume de travail. La cravate est le ruban du paquet cadeau que j’offre chaque jour au capitalisme mondial. C’est très frustrant car je suis un cadeau que personne ne déballe »
La complainte du grille-pain, la théorie sur la terre ronde, y aviez-vous pensé…… LUI, oui.
Son toubib lui découvre une maladie, ou plutôt, un parasite interne. Un grand requin blanc l’habite, cause de ses vives douleurs. Pensez, lorsqu’il bouge, l’aileron, les grosses dents…. Lui touillent les intestins !
« Les analyses confirmèrent son diagnostic : j’ai bien un grand requin blanc qui nage dans mon corps. Il mesure cinq mètres douze. Ça aurait pu être pire, certains mesurent plus de sept mètres. » Pour la médicamentation, ça se déguste !!
Et les morceaux de bravoure publicitaire qui ponctuent certains chapitres : un régal
« La civilisation, c’est la domestication et l’élevage de la peur. »
« On peut démolir une pyramide ; on ne peut ébrécher la musique. Ce qui fait que la musique est la seule architecture qui peut se mesurer à l’infini. »
Ce bouquin est de la dynamite en page, de la poésie en absurdité !
Sous de belles phrases, de bons mots, Martin Page parle de la solitude du travailleur trentenaire, solitaire dans une société dirigée par l’apparence, du stress…. Mais IL a un jardin secret et quel jardin, ainsi qu’un orchestre de musiciens mexicains, quoi de plus normal !!!
J’ai vraiment adoré le ton pince-sans-rire, les bons mots, les phrases où l’absurde se dispute à la poésie.
En nous parlant de phantasmes de tentatives de suicide, Martin Page nous montre son comparse essayant, à tout prix, de vivre, de survivre dans ce monde de requins (ils ne sont pas qu’à l’intérieur de LUI). Et si le plus dangereux n’était pas de se suicider mais d’essayer de vivre en société ?