Une année avec Antoine Martel 1930-1931

Antoine Martel est né à Baume-les-Dames le 2 février 1899. Reçu premier à l'agrégation de grammaire en 1920, il se consacre immédiatement aux études slaves. Il entre à la Fondation Thiers en 1923, où il retrouve son ami Robert Garric, le fondateur des Equipes Sociales. A partir de 1927, il est chargé de cours puis maître de conférences à la Faculté de Lille pour l'enseignement des langues et littératures polonaises et russes.
Il meurt le 12 octobre 1931 dans sa maison natale, victime d'une tuberculose généralisée. E. Drahonnet nous fait revivre une année avec Antoine Martel. La paradoxale originalité de son livre est d'être une histoire vraie déguisée en fable. On pourrait mettre en sous-titre : « choses vues », à condition de préciser que l'ensemble est un « montage » à partir de documents et de souvenirs portant sur des faits réels.
Ce livre est un témoignage sur des faits qui sont à leur manière des événements mais des événements qui arrivent dans un monde situé au-delà de l'histoire anecdotique. E. Drahonnet doit donc recréer les âmes dont les rencontres et les conflits constituent l'action du drame sous les péripéties. Ses personnages sont les amis d'Antoine Martel, petit groupe d'intellectuels, d'employés, d'ouvriers qui lisent l'Evangile avec Martel, et à travers lui.
Avec un art d'autant plus achevé qu'il est spontané, l'auteur fait apparaître Martel au milieu d'eux, en insistant sur la référence à apparition, pour signifier l'extraordinaire luminosité de la présence. Dans la terrible histoire de Didier, ce qui a bouleversé le témoin, ce qui n'a cessé de hanter sa mémoire, c'est le mystère de cette présence d'un homme regardant en face le problème du mal. Cette année avec Antoine Martel remet en lumière un homme qui reste plus que jamais un homme de notre temps.
Son action et sa pensée se retrouvent et se poursuivent sur toutes les routes nouvelles qui s'ouvrent actuellement. Cet homme d'hier a beaucoup à dire aux hommes d'aujourd'hui dont il a devancé les audaces mais en leur ôtant toute possibilité de devenir abusives