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C'est l'histoire d'un enfant à la santé fragile, né après guerre et envoyé aussitôt dans un village d'Autriche pour soigner ses poumons. Sous la neige, il chante la gloire de Dieu et baragouine un patois allemand. Chaque soir, sous le regard aimant de sa mère, le chérubin prie le Seigneur pour qu'il provoque la mort de son père. "Rien de plus difficile que d'être père : héros, il écrase de sa gloire ; salaud, de son infamie ; ordinaire, de sa médiocrité" : le père est ici un mari violent et pervers qui bat sa femme et l'humilie, un obsessionnel antisémite et raciste, dont le fils va tout faire pour devenir le contre-modèle ("Je suis sa défaite").
Il sera l'élève de Jankélévitch et de Barthes, le meilleur ami d'Alain Finkielkraut ; classé parmi les "intellectuels juifs" auxquels il s'identifie sans l'être, il aimera des femmes aux racines lointaines, sera un père aimant, un écrivain reconnu. Dans ce récit puissant, véritable "roman des origines", Pascal Bruckner raconte sa filiation personnelle et intellectuelle, nous offrant ainsi le sésame de son oeuvre entière.
De la neige des premières pages aux ordures parmi lesquelles son père finira son existence, de la violence de ses mots à la rage teintée d'amour qu'il lui portera, on retrouve ici le théâtre de la cruauté d'un écrivain, incarné et expliqué par son acteur central, ce nazi pathétique, écolo fanatique, Ogre colérique, Petit mari aux côtés duquel, malgré tout, Pascal restera toujours, en Bon fils. Car derrière le mépris, la rage, ce récit est l'aveu à demi-formulé d'un amour impossible, un Tombeau d'effroi et de pardon.
Un bon fils pour un mauvais père
Perplexité et stupéfaction ! Voilà les sentiments que me laissent ce livre bouleversant -et même terrifiant d'une certaine façon- au moment où je le ferme. J'ai l'impression d'avoir essuyé une tempête à la proue d'un bateau ! Comment expliquer une telle dégradation, animosité et toxicité dans une des plus belle relation humaine qui devrait être ; celle d'un parent et son enfant. Curieux déjà que Pascal Bruckner, qui déteste les biographies (on se demande pourquoi parce que c'est passionnant les biographies) ait fini par écrire la sienne ; une sorte de boutade malsaine au lecteur ? ou plutôt un exutoire à la mort de ce père détesté en 2012. Il faut dire, que c'est une façon comme une autre -mieux sans doute car plus pondérée- de vomir l'indigeste, les paroles dégradantes, humiliantes d'un père qui n'aura cessé de son vivant de le rabaisser sans cesse et jusqu'au cynisme, rajouter comme un baroud final à la révolte à son âme-défendante de son fils
-Ma vengeance c'est que tu me ressembles ! (Quel père peut dire ça!)
Ce à quoi, l'auteur se débat de plus belle, comme pour échapper à la malédiction paternelle
Nooooon ! "Je suis sa défaite ! Mon père m'a élevé dans l'exécration d'autrui, le dégoût de l'humanité, j'ai choisis de me vouer à la célébration ; la beauté du Monde et des Êtres ne cessera jamais de me suffoquer
-Les gens sont beaux papa, ce sont tes yeux qui sont laids"!
Un livre tragique et invraisemblable.