Thérèse Neumann ou Le paradoxe de la sainteté

Thérèse Neumann (1898-1962) appartient, avec Marthe Robin et Padre Pio de Pietrelcina, à la triade emblématique des stigmatisés de notre siècle. En France, elle fit beaucoup parler d'elle de son vivant, puis le silence progressivement recouvrit sa mémoire. En Allemagne, en revanche, où elle vécut et mourut, il ne se passe pas une année sans qu'un livre ou un article n'évoque celle qui fut, plus que toute autre, et pour des milliers de personnes, un témoin exceptionnel de la Passion de Jésus. Visionnaire, elle contempla en des scènes saisissantes de réalisme tout le drame du Calvaire, comme si elle avait été reportée vingt siècles en arrière. Stigmatisée, elle porta durant trente-cinq ans les marques du Crucifié, visibles en permanence sur son corps. Au début des années trente, son cas suscita dans les sphères ecclésiastiques et dans le monde scientifique une polémique d'une violence inouïe. Ce n'étaient pas tant les stigmates qui étaient mis en cause - encore qu'on l'accusât d'hystérie ou de fraude - qu'un phénomène tout à fait surprenant : l'inédit. Thérèse Neumann ne mangeait ni ne buvait strictement rien. Des observations médicales en ont fait la preuve. D'autres manifestations extraordinaires ont ponctué cette existence hors du commun, mais le plus émouvant est la conscience profonde qu'elle avait de n'être ni meilleure ni pire qu'autrui. Elle a accompli des efforts héroïques pour devenir, en dépit d'un tempérament entier et vif, ce que Dieu attendait d'elle : qu'elle aimât autrui sans réserve, quel qu'il fût. C'est le grand message de cette vie douloureuse, toute donnée à Dieu et aux autres.