Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
Le soir, j'écoute mes disques en sourdine, pour ne pas réveiller mes parents et ma jeune sœur qui dort dans sa chambre, de l'autre côté du mur. Ce...
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Le soir, j'écoute mes disques en sourdine, pour ne pas réveiller mes parents et ma jeune sœur qui dort dans sa chambre, de l'autre côté du mur. Ce sont les messes basses du rock'n'roll, les pensées ruminantes. J'ai recouvert la lampe avec ma chemise rouge, ce qui donne à la chambre un air de bivouac. On est samedi soir. Le soleil est couché. Mes amis - la bande du quartier - vont courir les fêtes foraines et les cinémas, rentrer chez eux aux aurores, avec la bénédiction de leurs familles. Moi je n'ai pas le droit de sortir la nuit. Mon père s'y oppose. Je n'ai plus qu'à installer la prairie ou les rues du Bronx dans ma chambre, avec des musiques et des visions, en attendant mieux... Ou bien ouvrir la fenêtre, et " faire le mur ". Les Blousons noirs. Un vieux mot bien oublié. C'est pourtant avec eux que tout a commencé. Avant les hippies, les gauchistes, les punks, qui on voudra. Ils étaient là. Rébellion adolescente, rock'n'roll, bouleversements des années soixante, éclatement de la société. Tout déjà est annoncé. Et déjà, le vieux monde est derrière eux. Ils rêvaient d'Elvis Presley ou de Gene Vincent, et cassaient des voitures. C'étaient des voyous. Mais leur cœur était pur. Avec plein de rêves de cow-boys sur l'écran noir de leurs nuits blanches. Des rêves bien trop grands pour eux. Bien trop grands pour ce pays qui vient de remettre le général de Gaulle au pouvoir. Pour de longues années. Aujourd'hui, on appelle ça des racailles. Et ils écoutent du rap. Mais le lien est évident. Jean-Paul Bourre était l'un d'eux.