Proust au miroir de sa correspondance

Ecrite de 1879 à 1922, la Correspondance de Marcel Proust constitue un imposant ensemble de cinq mille lettres. L'auteur de La recherche du temps perdu l'a rédigée au jour le jour sans y songer , aussi pouvons-nous recueillir l'image inhabituelle d'un Proust spontané, d'un Proust en liberté, sensiblement différent de la Recherche. Pour la première fois dans le présent ouvrage, un regard d'ensemble est porté sur la vaste collection de ces lettres, dont la totalité n'a vu le jour qu'en 1993. Le but proposé est d'initier, d'acclimater le lecteur de Proust à ce monument épistolaire. On y découvre un témoignage en direct sur l'histoire contemporaine (l'affaire Dreyfus ou la Grande Guerre). Mais surtout les facettes de la personnalité de l'écrivain se dévoilent peu à peu. Une réponse relativement précise peut être apportée à la question, souvent controversée, de son attitude à l'égard de la religion, du snobisme ou de l'homosexualité. Les lettres nous permettent de pénétrer dans la chambre de Proust, et de comprendre comment l'univers reclus de la maladie s'est lentement transformé en vision romanesque du monde. Dans ses relations avec autrui comme dans ses opinions sur lui-même, l'épistolier dessine sous nos yeux des constantes de caractère (l'humour et la complication, la sensibilité et la susceptibilité) qui éclairent à leur source les structures profondes de la Recherche cri cours d'édification. On voit enfin l'écrivain au travail. sa façon de rédiger, ses enquêtes documentaires, son attitude face à son oeuvre, et - pour finir - sa pathétique course à l'achèvement du monument littéraire qu'il nous a laissé. D'une lecture rendue aisée par la simplicité de la langue et la variété des courtes rubriques, l'ouvrage, loin d'être réservé aux seuls spécialistes, s'adresse à tout lecteur curieux de Proust, de sa biographie, de son époque, de sa personnalité et de l'édification de son oeuvre.