" Mais où est donc la psychanalyse ? C'est à croire qu'elle est partout, parce que dans les médias, tous les psys sont psychanalystes, et aussi des essayistes, des économistes, divers fumistes. Du coup, on se dit que la psychanalyse, elle, n'est plus nulle part. Non, ce n'est pas ça : elle est ailleurs. Ce qui advient et se trémousse sur la scène, n'est pas ce qui se passe. C'est seulement ce qui passe. Ce qui dure, le noyau dur, est moins en évidence. Parce qu'il est discret, qu'il ne fait pas de bruit, on croit qu'il n'existe pas. On croit de même qu'il n'y a que des artifices, des conventions, des constructions, que tout se gère et se manipule, qu'il n'y a rien de réel. Fariboles. La psychanalyse doit son endurance étrange à l'accès qu'elle donne au réel de l'existence. Comme par miracle, par le moyen d'un bavardage spécial, la contingence, le chahut de la vie quotidienne dans ce monde sublunaire, se révèlent conditionnés par le nécessaire, bordés par l'impossible. Lacan voulait même qu'une analyse aboutisse à un théorème. On a laissé à Ornicar ? sans sous-titre historique, " revue du Champs freudien ". Mais son ambition est bien d'être la Revue du Réel. " Jacques-Alain Miller.