En cours de chargement...
Quelques années après la révolution, Evgueni Zamiatine, auteur reconnu et familier des milieux d'avant-garde, écrit Nous, un roman d'anticipation. Traduit à l'étranger et circulant sous le manteau dans son pays, il ne sera jamais édité en russe du vivant de Zamiatine. Pire, cet "infect pamphlet contre le socialisme" sera la principale pièce à conviction de sa mise à l'écart, de sa "mort littéraire".
Nous se présente comme le journal tenu par D-503, le constructeur de l'Intégrale, un vaisseau spatial dont la mission est de convertir les civilisations extraterrestres au "bienheureux joug de la raison", au "bonheur mathématiquement infaillible" que l'Etat Unitaire prétend avoir découvert. Six siècles après notre époque, le monde civilisé s'est en effet organisé en un "Etat Unitaire" sous la férule d'un "Bienfaiteur".
Les hommes - des "Numéros" - habitent une cité de verre où tout est régulé, particulièrement l'activité sexuelle, et ils paient de leur vie le moindre écart à cet ordre établi contre lequel, malgré tout, une poignée de dissidents va s'insurger. En 1920, quand Zamiatine écrit Nous, la fièvre révolutionnaire est retombée, l'élan déjà s'est brisé, confisqué par d'"aimables fonctionnaires". Anti-utopie prophétique qui anticipe toutes les glaciations du XXe siècle, Nous se lit comme un long poème sur le retour nécessaire des révolutions.
Cette nouvelle traduction vise à faire entendre, dans les mots, cet appel tragique : on a toujours raison de se révolter.
L'oeil exercé
Vous avez lu et aimé "1984", de George Orwell, "L'admirable monde nouveau", d'Aldous Huxley ? Vous allez adorer "Nous autres", de Zamiatine, la source – la fontaine intarissable – de ces deux textes majeurs de la politique-fiction du XXe siècle.
Raconté par un adepte du système totalitaire, ce texte bouleversant nous frappe par sa lucidité (en miroir, en contre-miroir), sa langue précise, et son actualité.
Un texte déconcertant. Qui détone. Qui tonne.