Parfois une mère ne suffit pas, il en faut trois : celle qui met au monde, celle qui recueille, celle qui élève. Parfois, être mère ne suffit pas, il faut une amie pour donner les gestes et les mots de l'amour. Parfois, être comblée ne suffit pas, il faut plus qu'un mari, des enfants, le succès, il faut découvrir l'amour, le vrai, celui dont on n'osait rêver.
Mãn se raconte, de sa naissance au Vietnam jusqu'à sa renaissance dans les bras d'un homme, des difficultés de vivre dans un pays colonisé puis en guerre à son mariage arrangé avec un restaurateur expatrié au Canada, l'exil,
la cuisine pour seul univers, l'amitié qui change tout, la réussite, les enfants, et bien sûr l'amour, la vraie découverte, impossible évidemment, mais inévitable et fondateur.
Mãn est un pêle-mêle de sensations et d'émotions où se côtoient les saveurs du Vietnam, le sel des larmes et le bonheur de vivre. Par petites touches délicates, se reconstitue la vie d'une femme qui conjugue le verbe aimer sans le dire, par de petites attentions de chaque instant, en veillant au confort des siens, en devançant leurs désirs. Empêchée de s'exprimer par une pudeur naturelle et une enfance silencieuse auprès d'une mère engagée, elle va pourtant s'ouvrir aux sentiments grâce à l'amitié d'une femme et à l'amour d'un homme. Poétique et tendre, l'histoire de cette femme se dessine comme une mosaïque où se mêlent la cuisine vietnamienne, la mémoire et l'enrichissement de l'exil. Les évènements plus graves sont évoqués en pointillés, les douleurs sont enfouies, cachées.
Un roman sensible et profond, porteur d'espoir et d'amour.
Tranche de vie
Pour assurer son avenir, Mãn, jeune vietnamienne, est mariée à un Vietnamien restaurateur qu’elle suit au Canada. Petit à petit ses talents culinaires lui assurent une sécurité financière ; elle vit une vie de labeur, de petites joies. Elle, dont le prénom signifie «Parfaitement comblée » ou « A qui il ne reste plus rien à désirer », ne cherche pas plus loin. Son amitié avec Julie, le succès de son livre de cuisine « La palanche » la mettra sous les projecteurs des télévisions. C’est au cours d’un déplacement promotionnel en France qu’elle découvrira l’Amour et l’éveil des sens.
C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que les mentalités vietnamienne et, ici, canadiennes sont fortement différentes. Mãn en fait la découverte avec les difficultés inhérentes à toute transplantation. Elle se doit d’être « docile » avec son mari, travailleuse… mais regardons de notre côté et, la différence peut être infime quelque fois.
Mãn nous parle de tout cela, de sa vie au Canada, de sa découverte de la vie occidentale et son ouverture à la magie de la cuisine et de l’Amour.
Ceci expliqué, c’est un livre, lu d’une seule traite, très agréable à lire, je n’ai pas boudé mon plaisir, mais il ne laissera pas une très grande trace dans ma mémoire.