Edith Wharton, née à New York en 1862, résidait à Paris depuis plusieurs années déjà lorsqu'éclata la guerre en 1914. Elle mit aussitôt son influence et son talent au service de son pays d'adoption. Elle collecta des fonds, créa des orphelinats et des sanatoriums, se rendit sur le front. Plus tard, avec l'engagement des Etats-Unis auprès des Alliés, elle s'employa à expliquer dans la presse américaine l'essentiel d'une France selon son cœur pour la faire aimer des soldats fraîchement débarqués. Comparée à l'Amérique, la France est " adulte ", proclame-t-elle dans le recueil de ces articles, paru en 1919. Adultes sont sa culture, son goût, sa conversation, son réalisme, son romantisme, adultes y sont surtout les rapports entre hommes et femmes. Car c'est bien dans les conditions de la vie française que la romancière s'est vraiment sentie libre de devenir elle-même, et ce petit tableau en tenue de francophilie combative se présente comme l'un des autoportraits les plus ressemblants d'une conquête de soi.