La question des minorités est revenue à l'ordre du jour en Europe centrale et orientale. Question historique bien connue, mise à l'écart durant la période communiste, elle est reposée aujourd'hui avec acuité sous des formes à la fois anciennes et nouvelles. Cette question est une question de sécurité. Elle l'a toujours été et elle le demeure dans la mesure où les revendications des minorités suscitent des conflits internes et créent des tensions internationales qui peuvent, elles aussi, aboutir à la guerre. De plus, elle est aujourd'hui étroitement liée à celle de la démocratie à l'Est. La volonté de coexistence au sein des Etats et les mesures politiques et institutionnelles prises par les pays d'Europe centrale et orientale sont révélatrices de leur engagement démocratique. Si l'on peut parier d'une question de minorités au singulier, les manifestations de cette question sont multiples. Chaque minorité vit sa situation différemment. Le potentiel de conflit et les chances d'un dénouement démocratique durable varient en fonction tant de facteurs quasi structurels, liés souvent à la culture politique, que de facteurs conjoncturels et historiques. Le potentiel de conflit coexiste avec le potentiel d'enrichissement contenu dans la coexistence de groupes humains très divers. Dans cet ouvrage nous nous proposons de dresser un tableau de la situation des minorités en Europe centrale et orientale à l'époque post-communiste. Au-delà d'un inventaire sommaire de leurs traits caractéristiques, nous chercherons à étudier la dynamique de leurs rapports avec les majorités qui les entourent et avec les Etats qui les gouvernent. Nous espérons pouvoir ainsi dégager les tendances générales et les problèmes spécifiques qui détermineront l'évolution de cette question dans les années à venir et, avec elle, les perspectives pour l'Europe centrale et orientale dans son ensemble.